L’éducation des enfants à haut potentiel intellectuel (HPI) est jalonnée de réussites éclatantes, mais aussi de malentendus douloureux.

Leur curiosité insatiable et leur vocabulaire souvent très en avance sur leur âge peuvent parfois les mettre en décalage avec leur environnement scolaire. Une anecdote survenue récemment illustre parfaitement ce type de situation. À Nice, dans une classe de maternelle, un élève de 5 ans identifié comme HPI a été exclu par son enseignante après un échange qui a mal tourné. Alors que la maîtresse expliquait aux enfants que les chats voyaient bien la nuit, le petit garçon lui a répondu spontanément : « Bah oui, ils sont nyctalopes ». Un mot scientifique juste, mais perçu par l’enseignante comme une grossièreté. L’enfant s’est ainsi retrouvé sanctionné, sans comprendre pourquoi.
Une richesse lexicale qui déroute

Comme le rappelle Mariette Bousquet, directrice pédagogique du Cours Privé Cyrano, spécialisé dans l’accueil des enfants précoces, ce type de malentendu est loin d’être isolé. Les enfants HPI développent un vocabulaire bien plus riche et précis que celui de leurs camarades du même âge, ce qui peut déranger ou désorienter. Une psychologue interrogée, Pauline de Sabouiin Bollèna, souligne que leurs phrases sont souvent plus construites et leur syntaxe plus élaborée.
Un fossé entre précocité et compréhension
Le psychologue Georges Cognet illustre cet écart par des chiffres : « Un enfant qui entre au CP connaît environ 6 000 mots. Chez un enfant HPI, ce chiffre atteint plutôt 9 000, alors que chez un élève en difficulté, il tourne autour de 4 000. » Cette avance reflète leur goût prononcé pour la lecture et leur habitude d’aller vérifier la signification des mots, parfois dans un dictionnaire. Mais cette précision linguistique, destinée à mieux comprendre le monde, peut être mal interprétée par les adultes qui ne s’attendent pas à de telles réponses.
Un défi pour l’école et les familles

Ces situations posent un véritable défi éducatif. Comment permettre aux enfants précoces d’exprimer librement leur savoir sans se heurter à l’incompréhension de leurs enseignants ou camarades ? Pour les parents, ces malentendus répétés deviennent souvent le point de départ d’une réflexion sur la scolarité classique et sur la nécessité d’un accompagnement spécifique.
En définitive, l’histoire de ce petit garçon rappelle que les enfants HPI ne sont pas seulement des « petits génies », mais aussi des élèves vulnérables, souvent en décalage avec un système scolaire qui peine à intégrer leurs singularités. Leur intelligence, loin de les protéger, peut parfois les exposer à l’incompréhension et à l’exclusion.










