Un coup de tonnerre à Matignon. En moins d’un mois, Sébastien Lecornu aura incarné le plus court passage d’un Premier ministre sous la Ve République.

Lundi 6 octobre au matin, il a remis sa démission à Emmanuel Macron, plongeant l’exécutif dans une crise politique inédite. Quelques heures plus tard, les caméras surprenaient un président solitaire, arpentant les quais de Seine, symbole d’un pouvoir en plein désarroi.
La nouvelle est tombée tôt, ce lundi 6 octobre, à peine vingt-sept jours après sa nomination à Matignon. Sébastien Lecornu, ancien ministre des Armées, a remis sa démission à Emmanuel Macron, qui l’a aussitôt acceptée. Selon l’entourage présidentiel, cette décision était « inévitable » après les tensions croissantes au sein de la majorité et les divisions internes sur la composition du nouveau gouvernement. Le départ de Lecornu intervient alors que la France traverse l’un des épisodes les plus instables de la présidence Macron, entre défections politiques et crise de confiance.
Une image de solitude présidentielle

Quelques heures seulement après l’annonce, Emmanuel Macron a été filmé marchant seul sur les bords de Seine, téléphone à la main, escorté à distance par ses gardes du corps. Une scène rapidement devenue virale. Sur BFMTV, le journaliste Julien Arnaud a commenté : « C’est une image de solitude qui illustre évidemment le moment qu’il traverse. La solitude du pouvoir, la solitude de la décision. »
Cette séquence, sobre mais symboliquement puissante, reflète la situation politique du chef de l’État, confronté à une impasse institutionnelle : dissoudre l’Assemblée, nommer un nouveau Premier ministre ou convoquer un référendum. Chaque option comporte ses risques — et aucun scénario ne semble offrir de solution durable à la crise actuelle.
La réaction de Bruno Retailleau, détonateur de la crise

Derrière cette démission soudaine, un message a fait tout basculer. D’après Le Parisien, c’est la réaction cinglante de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et patron des Républicains, qui aurait précipité la chute de Sébastien Lecornu.
Malgré sa reconduction à Beauvau, Retailleau aurait été stupéfait de voir plusieurs macronistes reprendre place au sein du gouvernement, ce qui allait à l’encontre des engagements de “rupture” annoncés par Lecornu. Dimanche 5 octobre au soir, il publie un message tranchant sur X (ex-Twitter) :
« La composition du Gouvernement ne reflète pas la rupture promise. Devant la situation politique créée par cette annonce, je convoque demain matin le comité stratégique des Républicains. »
Une déclaration publique vécue comme une humiliation par le Premier ministre, qui voyait s’effondrer en quelques mots la fragile coalition qu’il tentait de bâtir. PUBLICITÉ:
« C’est fini » : la nuit où Lecornu a renoncé

Selon le journaliste Olivier Beaumont, Sébastien Lecornu aurait confié à ses proches, dans la nuit de dimanche à lundi, son découragement et sa conviction qu’il ne pouvait plus rester : « C’est fini. Avec ce que vient de faire Retailleau, je ne peux pas rester. » Un aveu de lassitude, mais aussi de lucidité politique.
Face à la presse, lundi matin, il a justifié sa décision dans des termes mesurés mais clairs : « En ce lundi matin, les conditions n’étaient plus remplies pour que je puisse exercer mes fonctions de Premier ministre et permettre au gouvernement d’aller devant l’Assemblée nationale demain. »
Une crise politique sans précédent
La démission de Sébastien Lecornu ouvre une période d’incertitude majeure pour Emmanuel Macron. Le président doit désormais décider de la suite à donner : tenter une nouvelle coalition, dissoudre l’Assemblée nationale, ou recourir au référendum. Mais après la défection d’un allié clé et la défiance croissante au sein de la majorité, la marge de manœuvre du chef de l’État apparaît plus étroite que jamais.










