La France traverse une période politique inédite. Après la chute du gouvernement Lecornu, resté en place moins de quinze heures, l’exécutif est plongé dans une crise institutionnelle majeure.

Tandis que les appels à une transition rapide se multiplient, Édouard Philippe exhorte Emmanuel Macron à envisager une “présidence anticipée” — une proposition explosive qui ravive les débats sur la légitimité du pouvoir en place.
Ce lundi 6 octobre, Sébastien Lecornu a présenté sa démission après seulement vingt-sept jours à Matignon, marquant un record de brièveté sous la Ve République. Le lendemain, Édouard Philippe, ancien Premier ministre du président, a pris la parole sur RTL pour réclamer une sortie urgente de l’impasse : « Il faut nommer un Premier ministre, faire voter le budget et qu’ensuite Emmanuel Macron quitte ses fonctions. »
Selon lui, le pays ne peut pas “tenir encore dix-huit mois dans ce chaos”, une critique directe de la gestion présidentielle. Le chef de l’État, dont le mandat s’achève officiellement en 2027, n’a pour l’heure émis aucun commentaire. Mais ce nouvel appel à la démission révèle à quel point le pouvoir exécutif est affaibli.
Emmanuel Macron face à l’érosion du pouvoir

Le président apparaît désormais isolé au sommet de l’État, après une succession de défections et de désaccords internes. Les options sur la table — dissolution, référendum, ou remaniement express — ne suffisent plus à rassurer l’opinion. Emmanuel Macron, souvent critiqué pour sa verticalité, continue pourtant de tenir la ligne, convaincu qu’il doit “assumer jusqu’au bout” son mandat.
En coulisses, ses conseillers assurent qu’aucune démission n’est envisagée. Mais la pression politique et médiatique s’intensifie, tandis que le pays attend un cap clair après des semaines de paralysie.
Des privilèges présidentiels garantis à vie
Quel que soit le scénario à venir, Emmanuel Macron conservera plusieurs avantages une fois son mandat terminé, conformément à la tradition républicaine. Actuellement, il dispose de trois résidences officielles : le palais de l’Élysée, La Lanterne à Versailles, et le Fort de Brégançon dans le Var.
Lorsqu’il quittera ses fonctions, l’État continuera à lui assurer un logement de fonction, avec toutes les charges prises en charge, ainsi qu’une voiture et un chauffeur pour ses déplacements officiels. Il bénéficiera aussi d’un dispositif permanent de sécurité : durant les cinq premières années, sept collaborateurs et deux policiers seront affectés à sa protection, avant d’être réduits à trois collaborateurs et un garde du corps à vie.
Ces dispositions, héritées du décret de 1985 et confirmées sous François Hollande, sont appliquées à tous les anciens chefs d’État, dont Nicolas Sarkozy et François Hollande, toujours protégés et assistés par des équipes financées par les deniers publics.
Une retraite et des choix symboliques

En théorie, Emmanuel Macron pourrait percevoir une dotation de retraite d’environ 5 500 euros mensuels, à laquelle il a publiquement renoncé. Il a également annoncé qu’il ne siègerait pas au Conseil constitutionnel — une fonction réservée de droit aux anciens présidents, assortie d’une indemnité de 13 500 euros par mois. Ce renoncement, bien que salué, n’efface pas les critiques récurrentes sur le coût de la fonction présidentielle après mandat, estimé à plusieurs centaines de milliers d’euros par an.
Un salaire désormais transparent
Longtemps tenu secret, le salaire présidentiel d’Emmanuel Macron a été rendu public en 2024, à la suite d’une bataille judiciaire menée par l’association Ma Da et la chercheuse Luce Sponchiado. Le tribunal administratif a contraint l’Élysée à divulguer le bulletin de paie du chef de l’État :
Salaire brut mensuel : 16 039 €
PUBLICITÉ:Salaire net : 14 586,32 €
Ce montant comprend trois éléments : une rémunération de base de 12 457 €, une indemnité de fonction de 3 207 €, et une indemnité de résidence de 373 €. Un total équivalent à celui du Premier ministre, reflet de la symétrie entre les deux plus hautes fonctions de l’exécutif.










