À moins de deux ans de l’échéance présidentielle, le paysage politique s’anime déjà. Dominique de Villepin, figure emblématique de la droite gaulliste, entre dans la course avec un objectif clair : incarner une alternative assumée à Emmanuel Macron, qu’il critique sans détour, tant sur le fond que sur la forme.
C’est un retour aussi inattendu que tonitruant : Dominique de Villepin vise l’Élysée en 2027. L’ancien Premier ministre, resté célèbre pour son discours contre la guerre en Irak en 2003, se relance dans la vie politique avec une ambition affichée : reconstruire une offre gaulliste et républicaine, fondée sur les idées plutôt que sur les postures. « Je veux mener un combat d’idées », martèle-t-il en ouverture de campagne, bien décidé à se poser en contre-modèle d’Emmanuel Macron.
En pleine recomposition du paysage politique, il rejoint une liste croissante de prétendants déjà déclarés : Édouard Philippe, Xavier Bertrand, David Lisnard ou encore Nicolas Dupont-Aignan sont eux aussi sur les rangs. Tous cherchent à incarner une alternative, mais de Villepin, lui, affiche une ligne singulière, celle d’un diplomate de formation et d’un homme d’État à l’ancienne.
Une opposition ancienne et viscérale avec Emmanuel Macron
Plus qu’un simple désaccord politique, Dominique de Villepin nourrit depuis des années une profonde inimitié envers Emmanuel Macron. Selon des témoignages rapportés par Le Point, les deux hommes se détestent cordialement. Un ancien diplomate le résume d’un trait acide : « C’est la rencontre entre un égocentrique et un narcissique. Irréconciliables. »
De Villepin ne cache pas son mépris pour la méthode macronienne. Là où Macron revendique un dépassement des clivages, lui prône le respect des corps intermédiaires et la refondation des partis politiques : « À l’inverse d’Emmanuel Macron, je ne veux pas les effacer, je construis le mien en repartant de la base. » Une attaque directe à la logique de verticalité jupitérienne qui a marqué le quinquennat du président actuel.
Une expérience internationale comme argument maître
Dominique de Villepin compte capitaliser sur son image d’homme d’expérience, notamment dans les affaires internationales. Une manière subtile mais assumée de pointer le manque de bagage diplomatique de son adversaire : « Je suis convaincu qu’en 2027, on ne pourra plus élire un président qui n’a pas été confronté au réel du monde. »
Ce positionnement résonne particulièrement dans un contexte international instable, entre tensions géopolitiques et crises multiples. De Villepin entend incarner une voix apaisée, mais ferme, à contre-courant du brouhaha populiste et du marketing politique.
Une humiliation mémorable en 2017
L’animosité entre les deux hommes remonte à 2017, année de la première élection d’Emmanuel Macron. Ce soir-là, fraîchement qualifié pour le second tour face à Marine Le Pen, Macron tente de convier Dominique de Villepin à la Rotonde, célèbre restaurant parisien. Réponse cinglante de l’ancien ministre : un SMS glacial dans lequel il lui rappelle les leçons de Jacques Chirac en 2002 : « Gravité, humilité, sobriété. »
Depuis, les échanges se sont raréfiés, et les piques publiques se sont multipliées. En juillet 2024, lorsque le camp présidentiel essuie une lourde défaite aux législatives, Dominique de Villepin s’en amuse avec une formule lapidaire : « Jupiter est mort, et il a été battu dans les urnes. »
Vers une recomposition de la droite républicaine ?
Au-delà de son duel personnel avec Emmanuel Macron, Dominique de Villepin vise plus large : il entend réconcilier la droite orpheline de leadership avec son socle historique. À travers son nouveau mouvement, il ambitionne de refonder une offre politique enracinée, indépendante des clans existants et des logiques d’appareils.
Son retour redessine donc les lignes du débat présidentiel à venir, en injectant dans le paysage un discours exigeant, rhétoriquement puissant, mais encore incertain sur sa capacité à fédérer. L’ancien diplomate saura-t-il transformer sa stature en dynamique populaire ? Rien n’est encore joué, mais le ton est donné.