Le verdict est tombé, et il résonne comme un choc dans le paysage culturel et politique français. Ce mardi 13 mai, Gérard Depardieu a été reconnu coupable d’agressions sexuelles par le tribunal judiciaire de Paris.
Une décision de justice lourde de conséquences, qui jette une ombre sur la carrière de l’acteur et interroge la position tenue jusqu’alors par le chef de l’État. Après des mois de tension judiciaire et médiatique, le tribunal a tranché : Gérard Depardieu est coupable d’agressions sexuelles sur deux femmes, prénommées Amélie et Sarah (noms d’emprunt), survenues en 2021 sur le tournage du film Les Volets Verts. Il a été condamné à verser 1 000 euros de dommages à chacune des victimes. L’acteur conteste la décision et a immédiatement fait appel, mais la reconnaissance de culpabilité marque une étape décisive dans une affaire suivie de près depuis plusieurs années.
Une défense fébrile, un procès sous haute tension
Au cours du procès, le comportement de la défense a été vivement critiqué. Propos agressifs, remarques déplacées, attaques verbales… Les débats ont été violents, notamment à l’encontre des plaignantes. Le tribunal a d’ailleurs reconnu la “victimisation secondaire” subie par les deux jeunes femmes. L’acteur, de son côté, a tenu des propos ambigus, niant certaines accusations tout en admettant d’autres gestes : « Je ne suis pas un frotteur dans le métro », s’est-il justifié à l’audience, dans une formule qui a marqué les esprits.
Les réactions politiques ne se font pas attendre
La condamnation de Gérard Depardieu provoque un tollé sur les réseaux sociaux, mais aussi dans la sphère politique. Le député François Ruffin a vivement réagi : « Pensées solidaires aux femmes qui ont tenu bon face à un homme puissant, et à un système qui le protégeait », a-t-il déclaré, en pointant du doigt l’hypocrisie des discours officiels. « On ne peut pas faire des violences faites aux femmes une grande cause, et en même temps couvrir les agresseurs. »
Les propos d’Emmanuel Macron remis en cause
La position du président de la République est aujourd’hui scrutée avec insistance. En décembre 2023, Emmanuel Macron avait publiquement défendu Gérard Depardieu, allant jusqu’à dire sur le plateau de C à vous : « Il rend fière la France ». Il avait refusé de retirer la Légion d’honneur à l’acteur, dénonçant « une chasse à l’homme » et saluant « un immense artiste ». Ces mots, alors déjà controversés, prennent désormais une dimension toute autre à la lumière de la décision de justice.
Silence de l’Élysée, malaise politique
Depuis le verdict, l’Élysée n’a fait aucune déclaration. Un silence pesant alors que la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, avait pris position dès la diffusion du documentaire Complément d’enquête, qualifiant l’attitude de Depardieu de « honte pour la France ». Le décalage entre les prises de position au sein même de l’exécutif interroge, et relance le débat sur la responsabilité des figures publiques face à des actes graves.
À la sortie du tribunal, Amélie, l’une des victimes, a pris la parole en larmes : « Je suis très émue, très satisfaite de cette décision. C’est une victoire, une avancée. La justice a été rendue ». Pour elle comme pour d’autres, cette reconnaissance judiciaire est bien plus qu’une condamnation financière : c’est une légitimation de leur parole, longtemps fragilisée ou ignorée dans un climat de suspicion souvent hostile aux victimes.