Alors que la frontière entre technologie et perception humaine s’estompe, Mark Zuckerberg défend bec et ongles sa vision d’un avenir assisté par l’IA… au travers de lunettes.
Selon le PDG de Meta, les « smartglasses » ne seront bientôt plus un gadget, mais un instrument d’intelligence augmentée incontournable. Une ambition forte, qui peine encore à convaincre tous les investisseurs. Lors de la présentation des résultats du second trimestre 2025 de Meta, Mark Zuckerberg n’a pas mâché ses mots :
« Dans le futur, si vous n’avez pas de lunettes connectées ou d’autres moyens d’interagir avec l’IA, vous serez désavantagé cognitivement face aux autres. »
Pour lui, ne pas porter de lunettes intelligentes reviendra à renoncer à une extension de ses capacités mentales. Ces dispositifs, capables de voir, d’entendre et d’interagir en temps réel avec l’utilisateur, seront les « appareils informatiques principaux » de demain.
Le message est clair : ne pas s’équiper reviendra à rester à la traîne, que ce soit dans la sphère professionnelle ou dans la vie courante.
Ray-Ban, Oakley… et bientôt Orion : Meta muscle sa gamme
Meta ne se contente pas d’afficher des ambitions futuristes. L’entreprise collabore déjà avec les géants Ray-Ban et Oakley pour commercialiser des lunettes connectées au design attractif. Résultat : près d’un million d’unités vendues en 2024, un chiffre que Zuckerberg veut multiplier par cinq d’ici la fin 2025.
Mais c’est le modèle Orion qui cristallise les attentes. Prévu pour 2027, il intégrera de la réalité augmentée (AR), projetant des informations directement dans le champ de vision de l’utilisateur. Le projet reste pour l’instant un prototype, mais il marque une rupture technologique ambitieuse, digne d’un pari sur la « superintelligence du quotidien », selon les termes du PDG.
Un pari coûteux, mais assumé
Le développement de cette technologie a un prix. La division Reality Labs, en charge des lunettes, a encore creusé une perte de 4,5 milliards de dollars ce trimestre. Une saignée financière inquiétante, surtout en l’absence de rentabilité immédiate.
Mais Zuckerberg reste confiant. Il estime que Meta a « des années d’avance sur ses concurrents » et continue à justifier cette vision stratégique à long terme :
« Nous sommes ravis de continuer à investir massivement. »
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La concurrence s’éveille lentement… mais sûrement
Si Meta occupe aujourd’hui le devant de la scène, la course aux lunettes connectées est loin d’être jouée. Google, autrefois pionnier avec ses Glass (un échec commercial en 2013), pourrait revenir dans la bataille. De son côté, Apple préparerait discrètement une offensive pour 2027, après avoir acquis une start-up spécialisée dans le suivi oculaire.
Dans les coulisses de la Silicon Valley, la lunette intelligente redevient un objet stratégique, potentiellement aussi révolutionnaire que le smartphone en son temps.
Une technologie encore en avance sur l’usage
Le pari de Meta repose sur une idée simple : les lunettes connectées remplaceront à terme le smartphone, en offrant une expérience immersive mêlant monde physique et digital. Mais pour que cette transition s’impose, encore faut-il que le public adhère pleinement à cette nouvelle interface.
Pour l’instant, le grand public reste partagé : entre fascination technologique et crainte d’un monde hyperconnecté, la bascule n’a pas encore eu lieu. Les lunettes actuelles peinent à dépasser le statut d’accessoire de niche.
Mais si Meta réussit à faire évoluer l’usage, à intégrer l’IA contextuelle et à démocratiser l’AR, les « smartglasses » pourraient bien devenir le prochain standard.
Conclusion : une vision audacieuse, mais encore fragile
Zuckerberg mise gros sur une fusion entre intelligence artificielle, perception humaine et portabilité extrême. Les lunettes connectées ne sont plus, pour lui, un gadget futuriste, mais une extension logique de l’humain augmenté, capable de nous épauler à chaque instant.
Reste à voir si le marché, les usages et la société dans son ensemble sont prêts à accepter une telle mutation technologique.