Ce mardi 10 juin 2025, Emmanuel Macron et Édouard Philippe se sont livrés à un duel médiatique inédit à distance.
Tandis que le chef de l’État tentait de mobiliser l’opinion autour de la cause environnementale sur France 2, son ancien Premier ministre s’imposait sur TMC avec une intervention politique forte, au ton grave. Résultat : un affrontement symbolique et chiffré, remporté par l’ancien locataire de Matignon. Dans une soirée politique pas comme les autres, Emmanuel Macron et Édouard Philippe se sont retrouvés en duel d’audience, chacun dans un rôle bien distinct. Le président de la République participait au prime Urgence océan sur France 2, en présence de scientifiques, activistes et journalistes, pour évoquer la protection des océans et des écosystèmes marins. Face à lui — au sens figuré — le maire du Havre et chef du parti Horizons répondait à Yann Barthès dans Quotidien, sur TMC.
Un face-à-face sans confrontation directe, mais où les postures, les priorités et les tons choisis ont dessiné deux visions différentes du discours politique actuel, avec en filigrane, les prémices d’un combat pour la présidentielle de 2027.
Macron sous tension, Hugo Clément le bouscule
Sur France 2, Emmanuel Macron s’est prêté à l’exercice du débat environnemental avec un ton professoral, parfois cinglant, comme lorsqu’Hugo Clément l’a interrogé sur le nouveau poste de Christophe Castaner, ancien ministre de l’Intérieur. « C’est un peu nul ce que vous faites », a lâché Macron, irrité, avant de conclure : « Je n’aime pas ces méthodes. »* Une réponse sèche, symptomatique d’une posture défensive.
Cependant, le président a aussi surpris en évoquant la situation de Paul Watson, célèbre militant écologiste. Il a affirmé être favorable à un droit d’asile pour le fondateur de Sea Shepherd, lui et sa famille, marquant une ouverture rare sur ce type de sujet.
Édouard Philippe face à l’actualité dramatique
Pendant ce temps sur TMC, Édouard Philippe offrait une tout autre tonalité. Invité par Yann Barthès, il a réagi à l’actualité brûlante : le drame survenu dans un collège, où une surveillante de 31 ans a été poignardée à mort par un élève de 14 ans. « Un mélange de stupeur, de tristesse infinie […] Peut-être de la colère aussi », a-t-il confié, visiblement ému. Une intervention marquée par la sobriété, la gravité et une forte empathie.
Il a également évoqué la santé mentale des adolescents et la montée des violences juvéniles, rappelant la nécessité d’un cadre législatif renforcé. L’interdiction de la vente de couteaux aux mineurs a été abordée comme une mesure essentielle, bien qu’insuffisante à elle seule.
Le duel des audiences : avantage Philippe
Au-delà du fond, les chiffres ont tranché. Si Urgence océan a réuni 1,57 million de téléspectateurs en moyenne (9.1 % de PDA), Quotidien, scindé en deux parties, a fait mieux : 1,18 million pour la seconde moitié (6.8 %), et surtout 1,67 million pour la partie finale sans Édouard Philippe, avec un pic à 9.5 % de PDA.
Plus encore, sur les cibles stratégiques, TMC s’est imposée : 15.2 % de part d’audience chez les CSP+, 13.3 % chez les 25-49 ans, et 12.5 % auprès des femmes responsables des achats. Ces résultats ont acté une victoire nette d’Édouard Philippe, du moins sur le terrain médiatique.
Deux ambitions qui ne se disent pas… mais se croisent
En creux, cette soirée a confirmé la montée en puissance d’Édouard Philippe comme figure incontournable de l’après-Macron. Sans jamais s’opposer frontalement au président, il s’est installé dans une posture d’homme d’État, sérieux, mesuré, plus en prise avec les préoccupations immédiates des Français. À l’inverse, Emmanuel Macron, sur un terrain plus global et institutionnel, a donné l’image d’un chef d’État parfois coupé de l’émotion brute.
Une bataille symbolique pour 2027 déjà lancée ?
Officiellement, aucun des deux hommes n’a évoqué les échéances présidentielles. Mais le duel télévisuel du 10 juin ressemble à un prélude. Édouard Philippe affine son image, cultive sa stature, et capitalise sur une parole rare mais impactante. Emmanuel Macron, lui, poursuit sa mission mais sait que son héritage politique dépendra en partie de celui qui lui succédera — et de la façon dont il l’aura accompagné… ou affronté.