La pension de réversion, destinée à protéger le conjoint survivant, reste l’un des mécanismes les plus complexes du système de retraite français.
Avec plus de quarante dispositifs différents selon les régimes, elle fait l’objet d’une réforme ambitieuse pilotée par le Conseil d’orientation des retraites (COR). Objectif : simplifier, harmoniser et garantir davantage d’équité dès 2026.
Aujourd’hui, la pension de réversion varie fortement selon le régime de retraite concerné. Dans le régime général, elle correspond à 54 % de la pension du défunt, tandis que dans le complémentaire Agirc-Arrco, elle atteint 60 %. Pour les fonctionnaires, d’autres règles s’appliquent encore. Ce morcellement crée de fortes disparités entre les bénéficiaires, source d’incompréhension et d’injustice.
Le COR envisage donc une harmonisation. Plusieurs scénarios sont étudiés : un taux unique de 50 %, 55 % ou 60 % pour l’ensemble des régimes. Une telle mesure offrirait plus de clarté et de transparence, facilitant la compréhension pour les assurés comme pour les familles endeuillées.
L’âge minimal au cœur des débats
Autre enjeu majeur : l’âge minimum pour bénéficier de la réversion. Actuellement, un conjoint doit avoir au moins 55 ans dans le régime général et à l’Agirc-Arrco, tandis qu’aucune limite n’existe pour les fonctionnaires. Le COR considère cette différence comme inéquitable. Deux pistes sont envisagées :
fixer 55 ans comme âge minimal dans tous les régimes ;
supprimer cette condition, permettant aux conjoints plus jeunes de bénéficier immédiatement de la pension.
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Les discussions portent également sur la règle du remariage. Dans la fonction publique, se remarier entraîne la perte de la réversion, ce qui n’est pas le cas ailleurs. Une harmonisation de cette règle est jugée nécessaire, tandis que l’ouverture aux couples pacsés ou en concubinage fait consensus.
Vers de nouveaux calculs plus justes
Au-delà de l’âge et du statut marital, le mode de calcul pourrait être entièrement repensé. L’idée est de maintenir le niveau de vie du conjoint survivant. Une méthode envisagée consisterait à calculer la pension en fonction de la différence entre les deux tiers de la retraite du défunt et le tiers de celle du survivant. Une autre piste s’appuie sur une double proratisation, prenant en compte à la fois la durée de cotisation et la durée du mariage, afin de mieux refléter la solidarité conjugale.
Des effets encore incertains
Si ces réformes visent à renforcer l’équité, elles pourraient aussi générer des effets inattendus. Certains bénéficiaires pourraient voir leurs droits diminuer selon le scénario retenu. C’est pourquoi le COR prévoit de réaliser des simulations détaillées afin d’évaluer l’impact social et financier. Les résultats de ces études sont attendus pour début 2025, avant une éventuelle mise en application en 2026.
Une attente forte chez les Français
Pour de nombreux foyers, la pension de réversion constitue un filet de sécurité essentiel face à la perte de revenus liée au décès d’un conjoint. Mais sa complexité actuelle est souvent perçue comme une injustice. La réforme en préparation, en simplifiant et en harmonisant les règles, pourrait offrir une meilleure lisibilité et une protection sociale plus adaptée aux réalités contemporaines.