Disparu le 14 juillet 2025 à l’âge de 76 ans, Thierry Ardisson laisse derrière lui bien plus qu’un héritage télévisuel : un style, une voix, une empreinte visuelle forte, jusque dans son intérieur parisien.
Son appartement mythique du 93, rue du Faubourg Saint-Honoré, où il recevait les invités de son émission culte, reste un décor emblématique de sa personnalité hors normes. Entre 2003 et 2007, « 93, Faubourg Saint-Honoré » a marqué les esprits par son format novateur : recevoir des personnalités dans un décor intime, mais parfaitement scénographié, au cœur même de l’appartement de l’animateur. Situé dans le très chic 8e arrondissement de Paris, entre l’hôtel de Beauvau et l’hôtel de Coigny, cet espace atypique reflétait parfaitement le goût assumé de Thierry Ardisson pour le spectaculaire, l’exubérant et le théâtral.
Plus qu’un plateau de télévision, l’appartement était un décor vivant, une œuvre personnelle où chaque objet, chaque couleur, racontait quelque chose de l’homme en noir.
Une entrée théâtrale et des pièces chargées d’histoire
Dès l’entrée, le ton était donné : murs bleu canard, grand lustre au plafond, ambiance feutrée et opulente. Le lieu se distinguait par des volumes généreux, un plafond haut qui laissait place aux effets de lumière, et un goût assumé pour la surcharge décorative.
La chambre, dans un style baroque assumé, arborait un lit orné de dorures, des tissus tendus bleu et blanc, évoquant un décor presque royal, à mi-chemin entre le boudoir de collectionneur et le décor de cinéma. Cette esthétique décalée, ancrée dans un certain art de vivre à la française, était la signature visuelle d’Ardisson.
Une cuisine conviviale et éclectique
L’une des pièces les plus emblématiques reste la cuisine, véritable carrefour de convivialité durant les tournages. Vue sur rue, murs jaune poussin, table centrale recouverte d’une nappe rouge, verres alignés sur une étagère bleue, produits ménagers classés par taille… L’ensemble évoquait un joyeux désordre parfaitement orchestré.
Loin de l’esthétique minimaliste actuelle, Ardisson assumait une décoration haute en couleur, où chaque détail racontait un pan de sa personnalité : rigoureux, fantasque, passionné d’objets.
Une salle à manger transformée en théâtre d’opinion
C’est dans la salle à manger que se jouait le cœur de l’émission. Un grand espace rouge et blanc, décoré de plantes suspendues et d’un piano droit chargé de bibelots, servait de décor à des débats souvent tranchés et des échanges sans filtre. Au centre, une table monumentale, cernée de chaises dorées massives et éclairée de chandeliers, donnait un cachet solennel aux conversations.
Chaque centimètre carré de cette pièce portait la marque du maître des lieux, dans une mise en scène où se mêlaient goût de l’artifice, du clin d’œil kitsch et de la théâtralité assumée.
Des résidences multiples, toujours très personnelles
Au-delà du 93, Faubourg Saint-Honoré, Thierry Ardisson possédait également un appartement rue de Rivoli, tout aussi chargé d’objets, de couleurs et d’accumulations. Il s’y rendait régulièrement, mais partageait aussi son temps avec Audrey Crespo-Mara, sa femme, qui vivait à Montmartre. Leur choix de ne pas cohabiter au quotidien témoignait de cette volonté de préserver une part de mystère, même dans l’intimité.