Ce 14 juillet 2025 restera gravé dans la mémoire collective : Thierry Ardisson, figure incontournable de la télévision française, s’est éteint à l’âge de 76 ans.
Derrière l’homme en noir provocateur se cachait un père discret mais aimé, dont les enfants lui rendent aujourd’hui un hommage bouleversant. La nouvelle est tombée comme un choc ce lundi : Thierry Ardisson, monument du petit écran, est mort à 76 ans. Avec lui, c’est une certaine idée de la télévision qui s’en va – celle des formats audacieux, des interviews sans filtre, des silences volontairement pesants et des phrases qui claquent. Pendant plus de quarante ans, il a marqué le PAF de son empreinte singulière, alliant noirceur esthétique et esprit mordant.
Mais au-delà du professionnel intrépide, c’est un mari et un père que pleure aujourd’hui sa famille. Son épouse, la journaliste Audrey Crespo-Mara, partageait sa vie depuis 2009. Ensemble, ils formaient un duo soudé, complice, uni face aux tempêtes comme aux projets les plus fous. À ses côtés, ses trois enfants – Manon, Ninon et Gaston, nés de son premier mariage avec Béatrice Loustalan – portent l’héritage d’un père à la fois exigeant, absent… et profondément aimé.
Trois enfants, trois trajectoires brillantes
Manon, l’aînée, née en 1989, a embrassé la voie de la production audiovisuelle, dans le sillage de son père. Formée au Royaume-Uni, elle s’est rapidement imposée dans l’univers du cinéma, jusqu’à obtenir une nomination au prestigieux BAFTA. En 2010, elle se distingue avec Seule la Terre, un long-métrage acclamé. Elle dirige aujourd’hui le pôle fiction de Cottonwood Media à Paris, et partage sa vie avec Samuel de Ceccatty, scénariste et réalisateur, avec qui elle a une fille née en 2019.
Ninon, née en 1991, a pris un chemin plus artistique et expérimental. Artiste et chercheuse, elle explore les croisements entre art visuel et technologies numériques. Sa mère la décrit comme « artiste multidisciplinaire », ayant exposé à la Tate Modern et au Victoria and Albert Museum de Londres. Mariée au compositeur Narotam Horn depuis 2018, elle s’implique dans la direction artistique de la branche britannique d’Ardisong, l’entreprise fondée par Béatrice Loustalan.
Enfin, Gaston, né en 1996, incarne la fibre musicale de la famille. Musicien de formation, il supervise la production musicale chez Ardisong, travaillant sur les compositions originales et l’accompagnement des artistes. Entrepreneur, il a également lancé sa propre marque d’eau en canettes, Oxygen Water, en 2017, à tout juste 21 ans. Un parcours déjà dense pour celui qui semblait vouloir conjuguer créativité et esprit d’entreprise, à l’image de son père.
Une paternité tardivement assumée
Malgré l’admiration que ses enfants lui portent aujourd’hui, Thierry Ardisson n’a jamais caché ses regrets de père absent. Lors d’une interview marquante dans l’émission de Marc-Olivier Fogiel sur France 3, il reconnaissait : « Je n’ai pas beaucoup connu mes enfants, car je travaillais beaucoup. À l’accouchement de Béatrice, je n’étais même pas là. J’ai privilégié mon travail. J’ai gâché plein de moments de ma vie. »
Des mots durs, lucides, prononcés avec une forme de repentir touchant. Mais jamais ses enfants ne l’ont jugé. En mai dernier, dans une séquence diffusée sur Télématin, Manon, Ninon et Gaston lui adressaient un message rempli d’amour : « Tu dis souvent que tu n’étais pas là, que ça te rend triste. Mais nous, on comprend. »
Et de poursuivre, dans un ton léger et attendri : « Tu nous as offert un haras en Normandie, tu venais tous les week-ends, tu nous as emmenés en vacances au Brésil, aux Seychelles, à Zanzibar… » Un écho bouleversant aujourd’hui, alors que ces souvenirs deviennent les piliers d’une mémoire familiale en deuil.
Une dernière révérence pleine d’humilité
Au fil de sa carrière, Thierry Ardisson aura su imposer sa voix, son ton, ses silences calculés, ses interviews aussi provocatrices qu’intelligentes. Mais derrière la mise en scène se cachait un homme complexe, pudique, souvent rongé par ses propres excès. Il assumait ses contradictions, reconnaissait ses erreurs, et parlait de l’argent, de la mort ou de la célébrité sans détour.
Aujourd’hui, ses enfants prennent la relève à leur manière, chacun dans son domaine, mais tous porteurs d’une forme d’exigence et de curiosité qu’il leur a léguée. Et s’ils doivent vivre avec l’absence de celui qui, souvent, était ailleurs, ils n’en retiennent qu’une chose : l’amour, malgré tout.
« Ne regrette rien, c’était ta vie. On t’aime. » Ces mots résonnent désormais comme l’épitaphe invisible d’un père qui, même sans toujours être là, a laissé une trace forte, sensible et inoubliable dans le cœur des siens comme dans celui des téléspectateurs.