Malgré la maladie, la scène reste son royaume. Florent Pagny, silhouette affinée mais regard vif et voix intacte, continue de vibrer sous les projecteurs des festivals d’été.
Sa présence irradie, son énergie fascine. Derrière les applaudissements et les sourires, l’artiste mène un combat discret mais tenace contre un cancer toujours en embuscade.
Un combat quotidien contre l’incertitude
Florent Pagny ne joue pas la carte de la langue de bois : il affronte sa maladie avec une franchise désarmante. Interviewé par Télé 7 Jours après son retour sur scène, il a confié : « J’en suis nulle part, on ne sait jamais quand ça s’arrête ». Depuis sa rechute, l’artiste vit dans une vigilance constante, annulant certains événements, y compris une émission rassemblant ses proches artistes.
Le traitement est lourd, incertain, et s’inscrit dans la durée. On lui parle de cinq à dix ans de protocoles médicaux avant d’écarter le risque de récidive. Une perspective floue, mais que Pagny affronte sans se plaindre, oscillant entre humour grinçant et lucidité. « Tant que je ne suis pas mort, c’est la bonne voie », plaisante-t-il, avant de nuancer : « Je vais quand même en clinique toutes les trois semaines ».
Une hygiène de vie bouleversée mais maîtrisée
Pour prévenir toute rechute, Florent Pagny a profondément modifié son mode de vie. Fini la cigarette, terminé le sucre, adieu l’alcool. L’artiste, connu pour sa liberté de ton et son tempérament rebelle, s’impose désormais une rigueur presque monastique. Il évite aussi les répétitions prolongées pour économiser son énergie : « Je me ménage », glisse-t-il simplement.
Malgré tout, sa voix, cet instrument si précieux, n’a rien perdu de sa puissance. Au contraire, il s’en réjouit : « Elle est même plus claire qu’avant. J’ai arrêté de fumer depuis un an et demi maintenant ». Dans ce corps affaibli, la musique reste une force vitale, un souffle de résistance.
Un nouvel équilibre entre repos et transmission
Après avoir publié un livre et sorti un album hommage à ses 35 ans de carrière, Florent Pagny s’autorise à ralentir le rythme. Il évoque cette transition comme un tournant dans sa vie : « J’entre dans une autre phase de mon existence. Il va falloir que je trouve une autre manière d’exister ». Le chanteur envisage désormais de se retirer partiellement de la scène, préférant apparaître ponctuellement, dans des moments choisis et symboliques.
Loin de fuir la réalité de la maladie, il en parle avec une maturité désarmante, acceptant que la vie impose parfois des arrêts. « Si à un moment ça ne va pas, c’est notre destin à tous », confie-t-il. « Il y a des niveaux de merde. Quand c’est jouable, tu y vas. Et si ce n’est plus jouable, il faut trouver d’autres chemins. »
Une foi inébranlable dans la guérison
Florent Pagny ne se présente jamais en victime. Il reste animé par une foi constante dans la possibilité d’un mieux, même au cœur de l’adversité. Il évoque avec espoir ces récits de guérison qui le nourrissent : « J’entends plein d’histoires de gens qui étaient condamnés et qui s’en sont sortis. Il y a toujours de l’espoir. »
Le chanteur reste fidèle à lui-même, refusant la résignation, refusant la pitié, préférant la force tranquille d’un homme qui avance avec lucidité. « Je garde la pêche ! », conclut-il, sourire aux lèvres, prouvant que même fragilisé, il reste un battant, un modèle de courage discret et d’humanité sincère.