Ils ne s’attendaient pas à vivre un tel choc. En cherchant des nouvelles de leur fille sur Internet, Jean Forest et son épouse ont découvert par hasard qu’elle était morte trois mois plus tôt.

Depuis, ce couple de retraités tente de comprendre comment un tel silence administratif et médical a pu entourer le décès de leur enfant. En juin dernier, Jean Forest, ancien policier, consulte le site de l’École normale supérieure de Lyon. Il y découvre un texte “In memoriam” portant le nom de sa fille Marjolaine, universitaire brillante de 51 ans, associée au laboratoire de l’IHRIM (Institut d’histoire des représentations et des idées dans les modernités). Aucun appel, aucun courrier : les parents n’avaient été prévenus par personne.
Une fille brillante, indépendante et fragile
Marjolaine Forest était née avec une malformation de la moelle épinière et vivait avec une santé très fragile. Malgré ces difficultés, elle tenait à son autonomie et travaillait énormément, souvent absorbée par ses responsabilités universitaires. Ses parents, soucieux de ne pas la déranger, ne l’appelaient que rarement et consultaient Internet pour suivre son activité professionnelle.

Un coma, des appels introuvables et une mort ignorée
Les recherches de Jean Forest révèlent un enchaînement tragique. Le 25 février, Marjolaine appelle le Samu pour d’intenses douleurs abdominales, avant de sombrer dans le coma le lendemain. Elle meurt le 6 mars à Lyon. Dans son dossier médical, les soignants précisent avoir tenté de joindre son père « sans succès ».
Mais Jean Forest dément catégoriquement : « C’est faux, personne ne nous a appelés », affirme-t-il, un point confirmé par les fadettes, selon Le Monde.
Une consigne ambiguë laissée à l’hôpital

L’hôpital justifie l’absence de prise de contact en assurant que la défunte avait demandé à ce que sa famille ne soit pas informée de son état de santé. Mais cette volonté, de nature médicale, n’impliquait pas nécessairement de les tenir dans l’ignorance après son décès.
Cette nuance, lourde de conséquences, est aujourd’hui au cœur de l’incompréhension des parents.
Cinq semaines au funérarium avant une inhumation anonyme
L’autre choc est celui des funérailles. Jean Forest découvre que le corps de sa fille est resté cinq semaines au funérarium municipal avant d’être inhumé dans le “terrain commun” du cimetière de la Croix-Rousse, c’est-à-dire une sépulture sans concession familiale.
Le pôle municipal assure qu’un employé a tenté de retrouver la famille via Internet, sans succès.
Mais pour le père, il existait de multiples moyens de retrouver leur trace, notamment via l’adresse figurant sur la carte d’identité de Marjolaine ou via celle de ses parents, garants de leur fille.
Durant ces dernières semaines, Marjolaine n’a pourtant pas été totalement seule. L’association Morts sans toi(t), qui accompagne les défunts isolés, était présente, notamment une ancienne camarade d’université qui lui a rendu hommage par un poème lors de la cérémonie.










