Mercredi après-midi, les autorités américaines ont extradé du Maroc vers les États-Unis le jeune Français Sébastien Raoult, inculpé de cybercriminalité. Il pourrait encourir jusqu’à 116 ans de prison s’il est reconnu coupable.
Accusé de cybercriminalité par les autorités américaines, le jeune Français Sébastien Raoult a été soumis mercredi après-midi à une procédure d’extradition du Maroc vers les États-Unis, où il risque jusqu’à 116 ans de prison, a indiqué son avocat.
« L’extradition a eu lieu ce mercredi à l’aéroport de Casablanca sur un vol à destination de New York. Cette opération a été effectuée par des agents du FBI », a indiqué à l’AFP une source de la police qui a souhaité garder l’anonymat.
Le départ de l’avion a eu lieu vers 15h50 (1450 GMT) de l’aéroport international de Casablanca à destination de l’aéroport JFK de New York, selon le site d’information local Hespress. Il doit atterrir vers 23h00 GMT.
Les victimes seraient notamment Github, propriété du géant informatique américain Microsoft.
La justice américaine accuse Sébastien Raoult de « conspiration en vue de commettre une fraude et un abus électronique », un « vol d’identité grave », et de faire partie des « ShinyHUnters », une bande de « cybercriminels » que la justice américaine soupçonne d’être à l’origine de cyberattaques contre des entreprises.
Le jeune homme de 21 ans, ancien étudiant en informatique d’Epinal (est de la France), avait été arrêté le 31 mai 2022 à l’aéroport de Rabat-Salé suite à une notice rouge émise par Interpol à la requête de la justice américaine.
Depuis, son avocat a fait appel au Comité des droits de l’homme de l’ONU.
Habitant chez ses parents à Épinal, ce jeune homme était en deuxième année d’informatique lorsqu’il a arrêté sa formation en décembre 2021, d’après sa famille. Depuis le 2 juin, il est détenu à la prison de Tiflet 2, près de Rabat.
Fin décembre, son avocat, Philippe Ohayon, avait déposé une demande auprès du Comité contre la torture des Nations unies, par crainte d’une extradition prochaine vers les États-Unis, mais cette instance a refusé d’enregistrer sa demande. Depuis, il a fait appel au Comité des droits de l’homme de l’ONU.
« Alors que le Comité des droits de l’homme est saisi, il semble que l’extradition ait été précipitée. Ce genre de manœuvre entre les États-Unis et la France ne doit plus jamais se reproduire », regrette l’avocat.
« Ici, Français et Américains se sont mis d’accord pour extrader un Français pour des faits commis en France dans le cadre d’une enquête menée par un juge d’instruction français. C’est sans précédent dans l’histoire de la justice », a reproché Me Ohayon.
Selon l’avocat, aux Etats-Unis, l’ancien étudiant risque jusqu’à 116 ans de prison s’il est reconnu coupable. Mercredi, la porte-parole du Quai d’Orsay, Anne-Claire Legendre, interrogée par l’AFP, a déclaré que « le calendrier de l’extradition de M. Sébastien Raoult relève des relations souveraines entre le Maroc et les Etats-Unis ».
La Cour de cassation marocaine, jugeant en premier et dernier ressort, avait rendu le 20 juillet dernier un avis positif à la demande d’extradition de Sébastien Raoult par les Etats-Unis.
Fin décembre, le Premier ministre marocain, Aziz Akkhanouch, a signé le décret d’extradition, conformément à la procédure habituelle. A réception du décret, les Etats-Unis disposaient de 30 jours pour remettre le prévenu.
Cette remise intervient dans le cadre d’une crise diplomatique persistante entre le Maroc et la France, qui a été accusée ces derniers jours d’avoir « orchestré » une campagne anti-marocaine à Bruxelles.
Les députés et médias marocains ont dénoncé le vote récent d’une nouvelle résolution du Parlement européen qui exprimait son inquiétude face à la détérioration de la liberté de la presse au Maroc et aux allégations de corruption dans le pays.