
Le Détenu Surfeur Qui Fait Scandale
La scène paraît irréelle. Pendant que 40% des Français renoncent à partir en vacances, un détenu de la prison de Rennes-Vezin s’apprête à découvrir les plages de Saint-Malo. Sept jours de « surf thérapeutique », tout frais payés. L’affaire éclate le 31 juillet et fait l’effet d’une bombe.
Le service médico-psychologique de l’établissement pénitentiaire breton a validé cette sortie inédite pour un détenu souffrant de troubles psychiatriques. Une semaine loin des barreaux, une planche sous le bras, face aux vagues malouines. L’initiative devait se concrétiser à la rentrée.
Mais la nouvelle fuite. Les syndicats pénitentiaires montent immédiatement au créneau. Sur les réseaux sociaux, l’indignation explose. Le député RN Thomas Ménagé dégaine le premier : « Tout va bien, Gérald Darmanin ? » lance-t-il vendredi 1er août, pointant du doigt cette aberration en pleine crise du pouvoir d’achat.
Face au tollé, le ministre de la Justice tranche. Gérald Darmanin ordonne « l’annulation immédiate » de cette activité qui défrayait déjà toute la chronique. Les services du ministère invoquent la doctrine instaurée dès l’arrivée du Garde des Sceaux : fini les loisirs en prison.
Cette volte-face ministérielle ne calme pourtant pas la polémique. Les critiques fusent de toutes parts.

La Colère Des Syndicats Pénitentiaires
Les critiques les plus virulentes viennent du terrain. Eric Toxé ne mâche pas ses mots. Le secrétaire local du syndicat UFAP-UNSa Justice publie un communiqué assassin le 31 juillet : « C’était une ineptie ».
La colère du syndicaliste est palpable. « C’est insultant pour le personnel parce que c’est une provocation », martèle-t-il au micro de RMC. Les mots claquent. « Pour les victimes car la prison ce n’est pas ça pour eux. Et c’est insultant pour les Français car on leur demande de se serrer la ceinture. »
L’homme connaît le milieu carcéral. Il dénonce une initiative « sortie de nulle part ». Son ironie transperce : « Et là comme par hasard, ils doivent avoir un coffre rempli d’argent puisqu’ils sortent une activité à Saint-Malo tout frais payés. »
Le coup de grâce arrive avec sa dernière pique. « Jusqu’à présent, ça se saurait si faire du surf permettait à des détenus qui présentent des troubles psychologiques d’être soignés », ironise Eric Toxé. Une attaque frontale contre les prétendus bienfaits thérapeutiques du projet.
Cette levée de boucliers syndicale révèle un malaise profond. Les personnels pénitentiaires se sentent méprisés par cette initiative qu’ils jugent déconnectée de leurs réalités quotidiennes.

Darmanin Face Aux Polémiques Carcérales
Face à ce tollé syndical, Gérald Darmanin réagit au quart de tour. Le ministre de la Justice annule immédiatement l’activité prévue à la rentrée. Ses services sont catégoriques : « Le Garde des Sceaux a demandé l’annulation immédiate de cette activité conformément à la doctrine qu’il a instaurée à son arrivée. »
Cette doctrine, Darmanin l’a mise en place dès février dernier. Objectif : stopper toute activité à caractère ludique en prison. Une ligne dure qui reflète sa vision sécuritaire de l’administration pénitentiaire.
La polémique enfle aussi sur les réseaux sociaux. Thomas Ménagé, député RN, dégaine sur X le 1er août : « 40% des Français renoncent à partir en vacances, mais les détenus du centre pénitentiaire de Rennes-Vezin vont avoir droit à une semaine de surf thérapeutique à Saint-Malo. » Son attaque directe au ministre : « Tout va bien, Gérald Darmanin ? »
Le terrain juridique reste complexe. En mai, le Conseil d’État a émis des réserves, annulant le principe général d’interdiction des activités ludiques. Mais l’interdiction des activités « provocantes » demeure légale, dès lors qu’elles portent atteinte au respect dû aux victimes.
Cette nouvelle polémique illustre les équilibres délicats que doit gérer Darmanin entre exigences thérapeutiques et acceptabilité sociale de la justice pénale.

Entre Thérapie Et Provocation : Le Débat Juridique
Ce terrain juridique complexe révèle toute l’ambiguïté de l’affaire. Car au départ, l’initiative avait un objectif purement médical. Le service médico-psychologique de Rennes-Vezin visait à soigner un détenu souffrant de troubles psychiatriques. Le surf thérapeutique, une approche reconnue dans certains centres de soins.
Mais la frontière entre soin et provocation reste floue. Eric Toxé, du syndicat UFAP-UNSa Justice, balaie d’un revers de main l’argument thérapeutique : « Jusqu’à présent, ça se saurait si faire du surf permettait à des détenus qui présentent des troubles psychologiques d’être soignés. »
Le Conseil d’État a pourtant tranché en mai dernier. Les magistrats ont annulé le principe général d’interdiction des activités ludiques de Darmanin, jugé contraire au code pénitentiaire. La loi autorise bel et bien les activités thérapeutiques, même si elles paraissent « ludiques ».
Reste une exception cruciale : l’interdiction des activités « provocantes » demeure légale. Le critère ? Toute action « susceptible de porter atteinte au respect dû aux victimes ».
Une semaine de surf à Saint-Malo pour un détenu entre-t-elle dans cette catégorie ? La réponse de Darmanin est sans appel. Mais le débat entre nécessité thérapeutique et acceptabilité sociale reste ouvert dans les prisons françaises.
 









