Un nouveau front judiciaire s’ouvre pour Rachida Dati. La ministre de la Culture, déjà au cœur de l’actualité parlementaire avec sa réforme rejetée de l’audiovisuel public, est désormais visée par plusieurs signalements au parquet de Paris.
En cause : des omissions présumées dans sa déclaration de patrimoine et des rémunérations litigieuses perçues alors qu’elle était eurodéputée. Lundi 30 juin, le parquet de Paris a reçu trois signalements portant sur de possibles dissimulations ou sous-évaluations dans les déclarations patrimoniales de deux membres du gouvernement : Rachida Dati, ministre de la Culture, et Éric Lombard, ministre de l’Économie. Ces signalements s’appuient sur des révélations de presse publiées par Libération, Le Canard enchaîné, L’Obs ou encore l’émission Complément d’enquête.
Raymond Avrillier, militant écologiste connu pour ses actions anticorruption, est à l’origine de l’un d’eux. Par courrier recommandé, il a interpellé la justice sur 19 bijoux de luxe d’une valeur totale estimée à 420 000 euros, que Rachida Dati aurait omis de déclarer à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Ces pièces de joaillerie, qu’elle détiendrait depuis 2017, ne figureraient pas dans sa dernière déclaration. L’intéressée, de son côté, avait déclaré début mai qu’elle n’avait « rien à régulariser », sans commenter davantage.
Des accusations renforcées par un sénateur PS
Un second signalement, émanant cette fois du sénateur socialiste parisien Rémi Féraud, renforce la pression sur la ministre. Il vise non seulement l’affaire des bijoux, mais également un versement d’honoraires de 299 000 euros perçus en 2010-2011 de la part de GDF Suez, alors qu’elle siégeait comme eurodéputée et exerçait parallèlement en tant qu’avocate. Ces montants n’auraient pas été déclarés, selon une enquête conjointe de L’Obs et France 2.
Rachida Dati a toujours nié tout manquement, assurant via ses avocats n’avoir « jamais été l’avocate de GDF Suez », et précisant qu’elle avait fourni toutes les explications nécessaires. Pour Rémi Féraud, en revanche, « rien ne bouge », ce qui a motivé sa démarche judiciaire.
Éric Lombard également dans la tourmente
Le ministre de l’Économie Éric Lombard est aussi mentionné dans les signalements, soupçonné d’avoir sous-évalué des biens immobiliers, notamment une maison dans le Morbihan et un appartement. Le Canard enchaîné a révélé que la valeur déclarée à la HATVP serait inférieure à celle déclarée au fisc. Selon le ministre, cette différence s’expliquerait par le fait qu’il ne détient que la moitié du bien, l’autre partie étant soumise à un usufruit.
Le ministère de l’Économie a refusé de commenter ces informations, tout comme le parquet de Paris, qui n’a pas encore communiqué officiellement sur la suite donnée aux signalements.
Une ministre affaiblie politiquement
Ces soupçons interviennent alors que Rachida Dati traverse une séquence politique délicate. Sa réforme controversée de l’audiovisuel public a été rejetée à l’Assemblée nationale, un revers sévère qui affaiblit son autorité au sein du gouvernement. Elle est également l’objet d’attaques répétées de la part de ses adversaires politiques, à l’approche des élections municipales de 2026 où elle ambitionne de se présenter à Paris.
Dans ce contexte, la révélation de ces affaires patrimoniales pourrait fragiliser davantage son image, surtout si la justice décidait d’ouvrir une enquête.
Un enjeu de transparence et de probité politique
La HATVP, instituée pour garantir la probité de la vie publique, examine régulièrement les déclarations des responsables politiques. Tout manquement ou dissimulation peut donner lieu à des poursuites pénales pour fausse déclaration, voire pour enrichissement injustifié. Si les accusations portées contre Rachida Dati et Éric Lombard devaient être jugées fondées, elles pourraient entraîner des sanctions lourdes, y compris des inéligibilités.