Plus de quatre ans après la disparition de Delphine Jubillar, le Tarn vit toujours au rythme d’un procès aussi passionnant que déroutant.

Entre révélations intimes, contradictions, et soupçons persistants, le mystère autour de cette infirmière d’Albi disparue en décembre 2020 reste entier — malgré un dossier accablant pour son époux, Cédric Jubillar. Dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, Delphine Jubillar s’évapore sans laisser de trace. À Cagnac-les-Mines, petite commune tranquille des environs d’Albi, les gendarmes découvrent une maison décrite comme délabrée, témoin d’un couple à bout de souffle. Cette disparition, survenue en pleine pandémie de Covid-19, intrigue d’autant plus que ni aveu ni corps n’ont jamais été retrouvés.
Rapidement, le mari, Cédric Jubillar, devient le principal suspect. Les contradictions dans ses déclarations, son attitude jugée étrange lors des recherches, et certains propos ambigus alimentent les soupçons. “Il portait son masque sous le menton, comme si tout cela ne le concernait pas vraiment”, rappellent des témoins de l’époque.
Un procès sous haute tension

Près de cinq ans plus tard, le procès de Cédric Jubillar s’ouvre devant la cour d’assises du Tarn, sous les projecteurs d’une presse nationale. L’accusé, aujourd’hui incarcéré depuis plus de trois ans, continue de nier le meurtre de son épouse. Pourtant, au fil des audiences, les révélations s’accumulent.
Selon les avocats de la partie civile, Cédric aurait reconnu avoir “voulu la tuer”, avant de se rétracter en affirmant qu’il n’était pas passé à l’acte. Une phrase jugée glaçante, prononcée selon l’accusation “dans un moment de colère”, mais qui résonne lourdement à la veille du verdict, attendu le 17 octobre.
L’intimité de Delphine passée au crible
Au fil des témoignages, la vie privée de Delphine Jubillar est exposée sans retenue. Les messages échangés avec son amant, les confidences faites à ses collègues, les tensions familiales… tout est décortiqué devant les jurés.
Delphine, alors en instance de divorce, entretenait une relation avec un homme de Montauban, Donat-Jean, un quadragénaire décrit comme charismatique mais manipulateur. Ce dernier, adepte de pratiques sexuelles marginales et de forums BDSM, a été présenté comme un homme “narcissique” par son ex-femme, Cathy, venue témoigner lors du neuvième jour du procès.
« Il voulait être admiré, obéi, il avait besoin de dominer », a-t-elle confié. « J’ai compris trop tard que sa relation avec Delphine durait depuis bien plus longtemps que je ne le pensais. »
Une femme heureuse avant le drame

Pourtant, les proches de Delphine la décrivent rayonnante et pleine de vie dans les semaines précédant sa disparition. Ses collègues infirmières témoignent d’un changement notable dans son comportement :
« Elle souriait, chantait, dansait pendant les pauses. Elle semblait légère, presque euphorique », raconte Marie, une collègue.
Delphine, 33 ans, avait recommencé à se maquiller, à prendre soin d’elle. “Elle parlait souvent de musique, de la chanson Chipolata qu’elle adorait. On sentait qu’elle reprenait goût à la vie”, confient plusieurs témoins.
Des zones d’ombre toujours béantes
Malgré les mois d’enquête, le mystère de la disparition de Delphine Jubillar reste total. Ni corps, ni arme, ni aveu. Le dossier repose sur un faisceau d’indices : les tensions du couple, les traces suspectes, les incohérences du mari, et surtout cette phrase prononcée puis niée : “Oui, je voulais la tuer.”
Pour la défense, ces mots sont sortis de leur contexte, l’expression d’un homme en colère mais pas d’un assassin. Pour l’accusation, ils confirment au contraire une préméditation nourrie par la jalousie et la rancune.










