Le monde catholique est en deuil après l’annonce du décès du pape François, survenu le 21 avril à l’âge de 88 ans.
Premier pontife argentin, il laisse derrière lui un héritage spirituel fort et une empreinte marquée par son combat pour les plus démunis, la justice sociale et la dignité humaine.
Une figure historique pour l’Église catholique
Né en décembre 1936 à Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio est devenu, en mars 2013, le premier pape issu du continent sud-américain, succédant à Benoît XVI après sa renonciation. Dès les premiers instants de son pontificat, François a marqué les esprits par son humilité, son langage direct et son choix du nom, en référence à Saint François d’Assise, symbole de pauvreté et de paix. En dix années de pontificat, il a bousculé les codes du Vatican, multipliant les gestes de proximité avec les fidèles, prônant une Église simple, à l’écoute des plus vulnérables.
Une absence remarquée en Argentine
Malgré ses racines profondément argentines, le pape François n’a jamais remis les pieds dans son pays natal depuis son élection. Si l’Amérique latine a occupé une place importante dans ses visites apostoliques – avec des déplacements au Brésil, en Équateur, au Paraguay, en Colombie, au Chili et au Pérou –, l’Argentine est restée en marge de son agenda pontifical. En mars 2023, dans un entretien au média argentin Infobae, il avait confié ses réticences, craignant que son retour ne soit utilisé à des fins politiques. Une prudence révélatrice de la complexité des relations entre l’Église et les gouvernants argentins.
Un pape sous le feu des tensions politiques
Avant même son élection à Rome, Jorge Mario Bergoglio avait connu des rapports houleux avec le pouvoir argentin. En tant qu’archevêque de Buenos Aires et président de la Conférence épiscopale de 2002 à 2011, il s’était imposé comme une figure morale de poids, n’hésitant pas à critiquer ouvertement certaines orientations politiques. Cette posture lui valut l’inimitié de nombreux responsables, notamment de l’ex-président Néstor Kirchner qui le qualifiait de « chef spirituel de l’opposition ». Ses prises de position sur la sexualité, l’avortement ou le mariage pour tous l’ont placé en opposition directe avec les réformes sociales de l’époque, accentuant son image d’homme d’Église dérangeant.
Un engagement fort pour les plus démunis
Fidèle à son surnom de « pape des pauvres », François a toujours mis la défense des exclus au cœur de son action. L’un de ses premiers déplacements en tant que pontife l’avait mené à Lampedusa, île italienne située entre la Tunisie et la Sicile, théâtre des drames migratoires de la Méditerranée. Dans un discours marquant, il y avait dénoncé « la mondialisation de l’indifférence », une formule devenue emblématique de son engagement. Tout au long de son pontificat, il n’a cessé d’interpeller les puissants sur les conséquences humaines du capitalisme effréné, des guerres, du changement climatique et de l’oubli des plus fragiles.
Des relations conflictuelles avec le pouvoir actuel
L’élection du président Javier Milei en décembre 2023 n’a pas pacifié les tensions entre le Saint-Père et les autorités de son pays. Le chef de l’État argentin, connu pour ses sorties virulentes, avait qualifié François de « gauchiste immonde », de « personnage néfaste » et d’ »imbécile », avant de présenter des excuses officielles. Il fut néanmoins reçu au Vatican deux mois après son élection, preuve que, malgré les insultes, le dialogue diplomatique n’était pas totalement rompu. François, fidèle à sa ligne de conduite, estimait que sa venue en Argentine devait rester spirituelle et apolitique, refusant d’être instrumentalisé.
Le pape François s’est éteint à Rome, loin de son Buenos Aires natal, dans la même discrétion qui a toujours caractérisé son style. Sa mort laisse un vide immense dans l’Église et parmi les fidèles du monde entier, qui voyaient en lui une figure de réconciliation, d’humilité et de réforme. Son héritage, profondément ancré dans les valeurs évangéliques, restera gravé comme celui d’un pontificat qui a tenté de rapprocher l’Église des réalités du monde moderne, sans jamais renier ses fondements.