Alors que l’enquête sur la disparition d’Émile piétine depuis bientôt un an, le profil de son grand-père maternel, Philippe Vedovini, suscite de nouvelles interrogations.
Témoignages accablants, passé opaque, pratiques éducatives violentes : autant d’éléments qui alimentent les soupçons, sans pour autant établir de responsabilité pénale à ce jour. Depuis le 8 juillet 2023, la disparition du petit Émile, deux ans et demi, dans le hameau isolé du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), reste un mystère non élucidé. Les ossements du garçon ont bien été retrouvés en mars 2024, non loin du lieu de sa disparition, par une randonneuse. Mais à ce jour, les causes de sa mort n’ont toujours pas pu être établies. Ni traumatisme évident, ni preuve tangible d’un accident, encore moins d’un acte criminel – du moins en l’état des expertises.
Ce rebondissement a pourtant relancé l’affaire : les grands-parents maternels d’Émile, Anne et Philippe Vedovini, ainsi que deux de leurs enfants, ont été placés en garde à vue. Aucune charge n’a été retenue, mais la personnalité du patriarche familial intrigue.
Philippe Vedovini, une figure controversée
Décrit comme autoritaire, Philippe Vedovini est régulièrement cité dans la presse pour son tempérament violent, son parcours religieux rigoriste et ses méthodes éducatives contestées. Ancien membre de la communauté de Riaumont – un institut catholique traditionaliste sous surveillance – il aurait exercé des fonctions d’encadrement au sein de cette structure régulièrement critiquée pour ses dérives autoritaires.
Dans une enquête publiée par Paris Match le 4 juin, plusieurs anciens pensionnaires de l’institut Sainte-Croix de Riaumont l’accusent de maltraitances physiques. Un témoin rapporte notamment : « Je le revois nous frapper de manière acharnée, se délecter de nous donner des tapes violentes au niveau de la nuque pour rien. » D’autres évoquent des gestes violents, comme des jets dans les escaliers ou des affrontements physiques avec des adolescents. Des récits glaçants qui, bien qu’anciens, interrogent aujourd’hui sur le cadre familial dans lequel évoluait le petit Émile.
Un passé familial et idéologique chargé
Marié, père de dix enfants, Philippe Vedovini cultive un attachement très fort à une vision traditionaliste du catholicisme, souvent critiquée pour ses excès. Son nom était apparu dans une enquête en 2017 concernant une communauté religieuse non reconnue par le diocèse, dont plusieurs membres ont été mis en cause pour des faits d’abus et de violence. Là encore, aucune procédure judiciaire n’avait abouti le concernant, mais son profil était déjà signalé comme problématique.
Des voisins, interrogés par les médias, évoquent un homme taiseux, distant, au comportement rigide et parfois inquiétant. Ces dernières années, il avait quitté les circuits officiels de l’enseignement pour se consacrer à une activité libérale d’ostéopathe, tout en conservant des attaches avec des cercles religieux conservateurs.
Une présomption d’innocence intacte
Malgré les accusations et les soupçons, Philippe Vedovini n’est à ce jour inculpé dans aucune affaire liée à la mort de son petit-fils. Il reste présumé innocent, et les garde à vue menées en mars dernier n’ont débouché sur aucune mise en examen. Les enquêteurs poursuivent leur travail, explorant à la fois la piste d’un accident dissimulé, celle d’une négligence, ou encore celle – plus sombre – d’un acte volontaire.
Mais dans une affaire où le silence et les non-dits semblent régner, chaque détail sur les protagonistes familiaux prend une ampleur médiatique inévitable. Et ce, d’autant plus dans un climat de forte attente de la part de l’opinion publique.
La pression médiatique ne faiblit pas
Alors que le mystère reste entier, les médias poursuivent leur fouille minutieuse des personnalités en présence, à défaut d’avancées judiciaires concrètes. Et c’est dans ce contexte que les anciens pensionnaires de Riaumont, les comportements passés de Philippe Vedovini, et ses engagements religieux rigides refont surface, alimentant un récit où l’inquiétude se mêle à la frustration.