Elle incarnait une voix, une époque et une certaine idée de la chanson française. Figure populaire des années 1960, Georgette Lemaire s’est éteinte à 82 ans, laissant derrière elle une carrière marquée par le succès, les honneurs, mais aussi les épreuves.

Un parcours intense, à l’image de cette artiste passionnée et entière. Georgette Lemaire est décédée le dimanche 21 décembre à la Maison des artistes de Nogent-sur-Marne, où elle était hébergée depuis quelque temps. L’annonce a été faite par son fils, Antoine Blanc-Sellers, auprès de l’AFP. À 82 ans, la chanteuse tire sa révérence après une vie consacrée à la musique, marquée par des succès populaires et une trajectoire parfois chaotique.
Une vocation née dès l’enfance
Née Georgette Kibleur, l’artiste se découvre très tôt une passion pour le chant. Elle fait ses premières armes Chez Louisette, un célèbre café-concert des puces de Saint-Ouen, où elle interprète les grandes chansons du répertoire réaliste. Padam Padam, Le Dénicheur ou encore La Montagne de Jean Ferrat façonnent son style, empreint d’émotion et de puissance vocale.
Le tremplin télévisuel et la reconnaissance du public

En 1965, à seulement 22 ans, sa mère Léone l’encourage à tenter sa chance à la télévision. Georgette Lemaire participe à trois reprises à l’émission Le Jeu de la chance, animée par Raymond Marcillac. Cette exposition lui ouvre les portes de la maison de disques Philips, avec laquelle elle signe un contrat décisif pour la suite de sa carrière.
Des succès signés par les plus grands
La seconde moitié des années 1960 marque l’envol artistique de la chanteuse. Elle enchaîne les titres remarqués, tels que À faire l’amour sans amour, Le Cœur désaccordé, Éblouis par notre amour ou encore Je ne sais pas, écrits par Charles Dumont. Le titre Et si c’était vrai, écoulé à plus de 150 000 exemplaires, assoit sa notoriété et précède la sortie de son premier album, Mon premier 33 tours.
Vous étiez belle madame, un tube intemporel

Parmi ses nombreux enregistrements, Vous étiez belle madame reste son plus grand succès, une chanson signée Pascal Sevran et Jean-Jacques Debout, devenue emblématique. Georgette Lemaire poursuit alors sur sa lancée, se produisant notamment en première partie des concerts de Georges Brassens à Bobino, à Paris, et multipliant les titres à succès.
Une carrière riche et des distinctions prestigieuses
Dans les années 1970, la chanteuse reçoit le grand prix de la chanson populaire française. Elle est invitée d’honneur au spectacle de Julio Iglesias à l’Olympia, et prête sa voix à des chansons de films comme Le Professeur ou L’Amour en question. Au total, elle publiera six albums, dont Paris Jazz, entièrement consacré à des reprises célébrant la Ville Lumière.
Des difficultés financières et une polémique politique
Malgré la célébrité, la fin de carrière de Georgette Lemaire est marquée par des difficultés. Menacée d’expulsion de son logement parisien pour impayés, elle écrit au président François Mitterrand, qui la nomme en 1989 membre du Conseil économique et social au titre des personnalités qualifiées. Une décision qui suscite alors une vive polémique.










