À la croisée du cinéma et du fait divers, l’affaire qui s’ouvrira à Nice le 26 septembre prochain a tout d’un scénario digne d’un thriller.
L’acteur Dany Boon, star de Bienvenue chez les Ch’tis, s’est retrouvé victime d’une escroquerie estimée à 7 millions d’euros, orchestrée par un prétendu aristocrate franco-irlandais aujourd’hui rattrapé par la justice. L’accusé, Thierry Fialek-Birles, se faisait appeler parfois Thierry Waterford-Mandeville. Diplômé d’Oxford, propriétaire supposé de yachts et d’un manoir, marié — disait-il — à une conseillère du prince Albert II, orphelin d’un crash d’hélicoptère… tout son récit était en réalité inventé. Derrière ce décor luxueux, se cachait un homme de 30 ans qui allait berner l’un des acteurs les plus populaires du cinéma français.
Le piège du yacht et des placements financiers
La supercherie a commencé avec l’Umaren, le yacht de 21 mètres de Dany Boon. Persuadé d’avoir affaire à un gestionnaire fiable, l’acteur a confié à son interlocuteur l’entretien, l’assurance et la gestion de son bateau, versant 2,2 millions d’euros à sa société familiale. Puis, séduit par la promesse d’un placement sécurisé à 3,25 % via une société prétendument liée à la Banque centrale irlandaise, il injecte 4,4 millions supplémentaires. Mais rapidement, tout s’écroule : aucune trace des fonds, des sociétés-écrans dissimulées aux Samoa, et des comptes offshore identifiés au Panama et en Corée du Sud.
Interpol met fin à la cavale
Il faudra attendre 2024 pour que la traque internationale porte ses fruits. Thierry Fialek-Birles est arrêté au Panama par Interpol après une longue cavale, puis extradé en France. Depuis, il est incarcéré à Nice, où il attend son procès pour fraude, blanchiment et usage de faux. L’affaire passionne la presse en Irlande comme en France, tant pour ses rebondissements dignes d’un polar que pour le nom de sa victime.
Un yacht au cœur de la controverse
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En septembre 2023, Le Canard Enchaîné révélait que Dany Boon aurait lui-même eu recours à une société offshore domiciliée à Antigua-et-Barbuda pour l’achat de son yacht, échappant ainsi au paiement de la TVA — une économie estimée à 700 000 euros. Face aux critiques, l’acteur avait répondu publiquement : « Mon voilier a été vendu en France en juin 2023 et la TVA a été payée en France », assurait-il, dénonçant les rumeurs.
Une affaire aux allures de film noir
Entre faux aristocrate, yachts, comptes offshore et cavale internationale, cette escroquerie plonge une star française au cœur d’un scandale financier inattendu. Pour Dany Boon, ce bateau censé être un symbole de plaisir et de réussite s’est transformé en véritable cauchemar judiciaire, ternissant son image et mettant en lumière la porosité entre le monde du spectacle et celui des grandes escroqueries internationales.