À 91 ans, Danièle Evenou continue de porter haut l’étendard d’une vie faite d’amour, de passion, mais aussi d’épreuves.
Derrière le sourire pétillant de la comédienne se cache une existence marquée par deux grands deuils amoureux, une réalité financière précaire, et un quotidien où la solitude tente parfois de prendre le dessus. Elle témoigne aujourd’hui, avec franchise et émotion, d’un parcours à la fois lumineux et profondément humain. C’est en 1983 que Danièle Evenou croise la route de George Fillioud, alors ministre de la Communication sous François Mitterrand. Leur rencontre, improbable sur le papier — une comédienne populaire et un homme politique rigide — se transforme en coup de foudre durable. « Nous nous sommes follement aimés pendant 28 ans », confie l’actrice dans Les Veillées des Chaumières, la voix encore chargée d’émotion.
En 2011, la mort de son époux, à l’âge de 82 ans, laisse un vide immense. « J’en suis devenue muette », avoue-t-elle. Leur relation, faite de tendresse, d’admiration mutuelle et d’une complicité inébranlable, reste le socle émotionnel de toute sa vie. « Je souhaite à tout le monde de vivre un grand amour comme celui que j’ai connu avec mon George », répète-t-elle comme une prière.
Une retraite modeste et sans illusions
Contrairement aux idées reçues, Danièle Evenou ne vit pas dans l’aisance. Loin des paillettes supposées des anciennes gloires du petit écran, elle révèle une réalité beaucoup plus rugueuse. « La retraite de ministre n’a jamais existé », explique-t-elle, « seuls les Premiers ministres y ont droit. »
Aujourd’hui, elle perçoit 2 800 euros nets par mois, principalement issus de sa retraite de comédienne et d’une petite pension de réversion, en tant que veuve d’un ancien député-ministre. « C’est affreux ! Mais je dois déjà être très contente… Faut pas faire de folie », lâchait-elle sur le plateau de Jordan de Luxe, avec une lucidité qui tranche avec les fantasmes médiatiques. À 82 ans, elle travaille encore par nécessité, multipliant les apparitions, les projets et les interventions pour subvenir à ses besoins.
Après la mort de George, Danièle Evenou a frôlé le gouffre. Elle le reconnaît sans détour : « J’avais envie de mourir. » C’est alors qu’un homme entre dans sa vie : Jean-Pierre Baiesi, qui, dit-elle, « m’a sauvée du désespoir. » Leur histoire, née dans la douleur, devient un baume sur ses plaies. Il lui redonne foi en l’avenir, en la possibilité d’un nouvel élan.
Mais le destin frappe à nouveau. Jean-Pierre meurt à son tour en 2018, à seulement 59 ans. Un nouveau deuil, une nouvelle chute. Depuis ce drame, Danièle Evenou vit seule dans le Vaucluse, dans une maison remplie de souvenirs, mais marquée par l’absence.
À 91 ans, Danièle Evenou ne renonce pas à l’amour, mais n’en fait plus une quête. « Si la vie m’amène à rencontrer un homme, il faudra qu’il accepte que je lui parle beaucoup de George. Il restera l’amour de ma vie. » Ce préambule est non négociable. Elle n’attend pas un nouveau prince charmant, mais peut envisager une compagnie apaisée, une main tendue dans la solitude.
Un déménagement vers Paris est en cours de réflexion, pour atténuer le poids de l’isolement et se rapprocher d’un environnement plus animé. « Un appartement où la solitude me pèsera moins », glisse-t-elle avec pudeur.
Une femme forte, au parcours digne
Danièle Evenou reste une figure profondément attachante du paysage culturel français. Actrice de télévision adulée, femme passionnée, battante face aux revers de la vie, elle incarne une génération de femmes pour qui vieillir n’est pas renoncer, mais composer avec les pertes sans jamais céder à l’amertume.
Et si aujourd’hui sa pension est modeste, son patrimoine de cœur, lui, est immense. Deux grands amours, des souvenirs inaltérables, une lucidité désarmante et une volonté inaltérée de continuer à avancer. Danièle Evenou ne joue plus un rôle : elle est devenue l’héroïne vraie d’une vie bouleversante.