En l’espace de quelques secondes, un enregistrement privé a suffi à rallumer les tensions dans le paysage audiovisuel français.
Une prise de position tranchée, des camps qui se dessinent, et une polémique qui mêle convictions personnelles et conflits professionnels. Le duel Hanouna-Guillon est lancé.
Tout a commencé le 8 avril dernier, avec la publication d’un enregistrement audio de 88 secondes par Clément Garin sur les réseaux sociaux. Dans cet extrait volé, on entend Bruno Guillon s’entretenir hors antenne avec Michel Drucker, lors de l’enregistrement de l’émission Le Bon dimanche show sur RTL. Une conversation privée qui n’a pas tardé à devenir publique… et explosive.
L’animateur de 53 ans y exprime sans détour son refus catégorique de partager l’antenne avec Cyril Hanouna, dont l’arrivée sur Fun Radio est pressentie. Il ne le cite pas directement, mais la cible est limpide : « La version officielle, c’est qu’il est censé arriver sur Fun Radio. La version officieuse, c’est qu’il est hors de question que je partage l’antenne avec ce gars. » En cause, selon Guillon : les positions polémiques de l’animateur de TPMP, notamment sur la peine de mort et l’espace offert à des figures jugées extrêmes sur son plateau.
Roland Perez monte au front pour Hanouna
La polémique prend rapidement de l’ampleur. Sur le plateau de Buzz TV, l’avocat médiatique Roland Perez réagit vivement aux propos de Bruno Guillon. Choqué par la fermeté de l’animateur, il juge démesuré qu’un humoriste habitué à la provocation se permette de condamner un confrère pour ses choix éditoriaux. « On peut penser ce qu’on veut de Cyril Hanouna, mais c’est une personnalité incontournable des médias », affirme-t-il.
Selon lui, donner la parole à tous les bords politiques, y compris les plus controversés, fait partie du jeu démocratique que les médias ont pour mission de garantir. « Donner la parole aux extrêmes, c’est aussi ce que font tous les médias démocratiques », défend-il. Une manière de rappeler que la diversité d’opinions ne vaut pas nécessairement cautionnement, et que l’espace médiatique doit rester un lieu de confrontation, pas d’exclusion.
Un rejet assumé de Bruno Guillon
Loin de regretter ses propos, Bruno Guillon revendique sa position sans détour. Dans l’enregistrement, il se dit prêt à claquer la porte de Fun Radio si Hanouna venait effectivement à rejoindre l’antenne. « Je leur ai dit ici que s’il arrive, je m’en vais. Je ne peux pas », déclare-t-il. Un choix ferme, qui traduit plus qu’une divergence de style : un rejet frontal d’une manière de faire de la télévision et de la radio.
Guillon ne cache pas son malaise face à ce qu’il perçoit comme une dérive médiatique, incarnée selon lui par la liberté totale laissée aux opinions radicales sur TPMP. Un clash inévitable ? Peut-être. En tout cas, un signal fort envoyé à sa direction et aux observateurs du PAF.
Hanouna, fidèle à son style provocateur
Face à cette fronde, Cyril Hanouna ne se démonte pas. Fidèle à son ton moqueur et désinvolte, il a répliqué dès le début de l’année dans son émission : « Je vais faire une photo avec mon charcutier traiteur, ça sera beaucoup mieux », a-t-il lancé, tournant la polémique en dérision. Et d’ajouter une pique à peine voilée : « Il n’a qu’à partir Bruno Guillon, on prendra Cauet, qui fera certainement des meilleures audiences. »
Une sortie jugée déplacée par la direction de M6 à l’époque, mais qui n’a rien de surprenant venant de l’ex-star de C8. Hanouna reste égal à lui-même : irrévérencieux, imprévisible, et prêt à défier tous ceux qui s’opposent à lui sur le terrain de la popularité… et de l’audience.
Une fracture symptomatique dans les médias
Derrière cette altercation très médiatisée, se dessine une fracture plus large au sein des médias français. Entre ceux qui prônent la liberté totale d’expression, y compris pour les discours controversés, et ceux qui appellent à plus de responsabilité éditoriale, le débat est loin d’être clos.
La tension entre Bruno Guillon et Cyril Hanouna cristallise deux visions opposées de l’information, du divertissement, et même de la démocratie médiatique. Pour certains, Hanouna est un trublion nécessaire ; pour d’autres, une menace pour l’éthique journalistique.
Et si cette dispute dépasse les simples égos, c’est qu’elle renvoie, au fond, à une question brûlante : quelle parole doit-on laisser s’exprimer dans les médias de masse ?