Chaque automne, les forêts françaises attirent des milliers d’amateurs de champignons. Derrière ce loisir convivial se cachent pourtant des règles précises : la cueillette n’est pas un droit illimité, mais une tolérance encadrée par la loi. Mal la connaître peut coûter cher, jusqu’à plusieurs milliers d’euros d’amende.
Selon le Code forestier (articles R163-5 et L163-11), ramasser des champignons en forêt vise d’abord à protéger la biodiversité et préserver les droits des propriétaires. Une cueillette excessive épuise le sol, empêche la reproduction des espèces et alimente parfois une revente illégale. L’Office national des forêts (ONF) rappelle régulièrement que la récolte doit rester familiale et modérée pour maintenir l’équilibre des écosystèmes.
Forêt privée ou publique : ce qui change
Dans une forêt privée, les champignons appartiennent au propriétaire (article 547 du Code civil). Ramasser sans autorisation équivaut à un vol puni par l’article 311-1 du Code pénal, peu importe la quantité.
Dans une forêt publique (forêt domaniale ou communale), la cueillette est tolérée jusqu’à 5 litres par personne et par jour, sous réserve d’un usage familial. Des arrêtés locaux peuvent restreindre ou interdire temporairement le ramassage pour protéger certaines zones.
Limites légales et sanctions possibles
Moins de 10 litres sans autorisation : contravention de 4ᵉ classe (135 €, jusqu’à 750 € en cas de majoration).
Au-delà de 10 litres : délit assimilé à du vol, passible de 45 000 € d’amende et 3 ans de prison.
Truffes : toujours considérées comme un délit en cas de cueillette non autorisée, même en faible quantité.
Ces sanctions ciblent principalement les ramasseurs massifs qui alimentent des circuits commerciaux parallèles, au détriment de la biodiversité et des propriétaires.
Des règles locales à vérifier avant de partir
Les préfectures peuvent édicter des arrêtés spécifiques : limitation du volume, interdiction de cueillir de nuit, jours autorisés… Par exemple, l’Ille-et-Vilaine limite la récolte à 5 litres et interdit la cueillette nocturne, tandis que la Moselle interdit la récolte dans certaines réserves et limite ailleurs à 2 kg. Consulter le site de la préfecture ou l’ONF local avant toute sortie est donc essentiel.
Bonnes pratiques pour une cueillette responsable
Préserver l’écosystème : utilisez un panier en osier, coupez les champignons plutôt que de les arracher, et laissez sur place les spécimens trop jeunes ou abîmés.
Éviter les intoxications : ne ramassez que les espèces identifiées avec certitude, demandez l’avis d’un pharmacien en cas de doute. Chaque année, des centaines d’intoxications graves sont recensées.
PUBLICITÉ:Respecter les autres usagers : ne laissez aucun déchet, ne dégradez pas les sentiers et partagez l’espace avec randonneurs et chasseurs.
Un plaisir encadré mais accessible
En respectant ces règles, la cueillette de champignons reste une activité familiale sûre et respectueuse de la nature. Bien préparée et pratiquée avec modération, elle permet de profiter des forêts françaises sans risquer d’amende ni de nuire à l’écosystème.