Depuis près de deux mois, une absence obsédante hante une famille de l’Essonne. Malgré des recherches intenses, une mobilisation citoyenne rare et des moyens conséquents, aucune trace de Martine Boutigny n’a été retrouvée. Pour ses proches, l’attente devient une épreuve suspendue entre espoir, épuisement et incompréhension.
Le 27 octobre, Martine Boutigny, 64 ans, quitte son domicile de Linas sans jamais donner de nouvelles. Souffrant de dépression, fragilisée par l’annonce récente d’un cancer et par la perte successive de ses trois sœurs, la sexagénaire laisse derrière elle un mot d’adieu griffonné à la hâte. Depuis ce jour, elle semble s’être volatilisée, emportant avec elle de l’alcool et une importante quantité de médicaments.
Une famille soudée face à l’absence
Autour de la table de la salle à manger, le silence pèse encore lourdement. Chloé, sa fille de 23 ans, son père Luc et Élodie, la belle-fille, tentent de faire front ensemble. Leur douleur transparaît dans chaque mot, dans cette hésitation permanente entre parler de Martine au passé ou au présent. Malgré deux tentatives de suicide et plusieurs hospitalisations, la retraitée affirmait aller mieux à sa sortie de l’hôpital, quelques jours avant sa disparition.
Des recherches acharnées, jour après jour
Depuis 54 jours, la famille n’a cessé de chercher. À force de marches lentes et méthodiques, ils ont parcouru près de 500 kilomètres, explorant rues, quartiers périphériques et communes voisines. Aucun indice, pas même une trace des cigarettes sans filtre que Martine laissait habituellement derrière elle. Les nuits blanches s’enchaînent, rythmées par l’attente et la peur de l’inconnu.
Une mobilisation collective hors norme
Très vite, l’affaire a dépassé le cercle familial. Des battues ont été organisées, réunissant plus d’une centaine de personnes à plusieurs reprises, avec l’aide du réseau Assistance et Recherches de Personnes Disparues et le soutien de la municipalité de Linas. Malgré cet engagement massif, certaines pistes, comme les vidéos de surveillance de la ville, n’ont pu être exploitées, laissant les proches face à un mur d’incertitude.
L’élan de solidarité s’est étendu bien au-delà de la commune. Des volontaires de la Protection civile de l’Essonne ont sillonné les bois environnants en quad, tandis qu’un architecte local a inspecté la rivière à l’aide d’un drone. Des chiens spécialisés ont fouillé talus, sentiers et bosquets, sans succès. Chaque jour, Luc est encore interpellé par des inconnus qui demandent des nouvelles de Martine.
Une chaîne de solidarité émouvante
Pendant des semaines, le salon familial n’a pas suffi à accueillir tous ceux venus proposer leur aide. Des gestes simples mais bouleversants ont afflué : des paquets de nourriture déposés discrètement sur le pas de la porte, un ami perdu de vue depuis sept ans revenu pour participer aux recherches, ou encore une habitante qui a imprimé gratuitement un millier d’affiches pour signaler la disparition.
Au milieu de cet océan de bienveillance, la famille a dû affronter des actes d’une violence morale extrême. Faux appels, tentatives d’extorsion et mises en scène sordides générées par intelligence artificielle ont ciblé Chloé, exploitant l’espoir et la peur. Des coups supplémentaires portés à une famille déjà à bout de forces.
À l’approche de Noël, l’absence se fait plus cruelle encore. Si Luc avoue être exténué, Chloé nourrit parfois l’espoir irrépressible de voir sa mère frapper à la porte. Pour Élodie, la certitude n’est pas là, mais le besoin de vérité est vital : sans corps, sans preuve, l’attente reste insupportable. Les recherches se concentrent désormais sur les 81 lignes de bus desservies depuis la gare routière de Linas le jour de la disparition.













