Trente-neuf ans après le décès tragique de Coluche, de nouveaux éléments troublants surgissent, ravivant les doutes sur les circonstances exactes de l’accident.
Un document administratif resté dans l’ombre jusqu’à aujourd’hui soulève des interrogations sur un laxisme politique local… voire un possible vice de procédure aux lourdes implications. Le 19 juin 1986, la France perdait l’un de ses humoristes les plus populaires, Coluche, victime d’un accident de moto sur une route des Alpes-Maritimes. Sans casque, il percute violemment un camion de 33 tonnes chargé de gravats, qui tourne brusquement à gauche sur un chemin non signalé. Le choc est fatal : l’artiste meurt sur le coup à seulement 42 ans.
Malgré la condamnation du chauffeur pour homicide involontaire en 1988, de nombreuses zones d’ombre persistent autour du drame. Le montant dérisoire de l’amende – 1000 francs, soit l’équivalent de 150 euros – avait déjà choqué à l’époque. Aujourd’hui, le quotidien Var-Matin jette une lumière inédite sur l’affaire, en dévoilant un document administratif conservé aux archives de Nice, jamais rendu public jusqu’alors.
Un document explosif sur la table
Intitulé « Infraction au droit à l’urbanisme pouvant être relevée à l’occasion de l’accident de Coluche », ce dossier de quatre pages remet en cause la légalité même du dépôt que tentait de rejoindre le camion au moment du drame. Selon cette enquête administrative adressée à la sous-préfecture de Grasse un mois après l’accident, le terrain de destination était non conforme au plan d’occupation des sols (POS). Il servait pourtant de dépôt à plusieurs entreprises avec l’accord tacite du propriétaire… qui n’était autre que l’adjoint au maire de l’époque, Marcel Perrissol.
Le maire Fernand Raybaud, très proche de son adjoint et partenaire dans une entreprise d’engrais, aurait sciemment fermé les yeux sur cette infraction. L’ingénieur des travaux publics de l’État indique même que la commune avait « officiellement accepté cette implantation » malgré son illégalité. Il ajoute avoir mis en demeure le propriétaire de cesser l’activité, mais en vain.
Un enjeu financier est également évoqué : si l’illégalité du dépôt avait été officiellement reconnue, les compagnies d’assurance auraient pu être mises à contribution différemment, bouleversant l’issue du procès.
Des coïncidences troublantes
L’activité sur le terrain a cessé six mois après la clôture de l’enquête administrative. Quant au maire Raybaud, il est décédé brutalement à Dakar en mars 1987, une disparition qui n’a jamais été liée à l’affaire, mais qui alimente aujourd’hui les spéculations.
Ce faisceau d’éléments laisse planer un doute tenace : le décès de Coluche résulte-t-il simplement d’un accident tragique ou d’une négligence volontairement dissimulée par les autorités locales ?
La théorie de Patrick Sébastien : un suicide ?
À ces révélations administratives s’ajoute une interprétation plus intime et controversée de la part de Patrick Sébastien. L’ancien animateur et proche de Coluche a confié à RTL en novembre dernier qu’il croyait à la possibilité d’un suicide. « Je me dis qu’à ce moment-là, il est malheureux », déclare-t-il, évoquant la rupture avec Véronique, la dépendance passée à l’héroïne, et la perte tragique de son ami Patrick Dewaere, lui-même suicidé en 1982.
« Un coup de guidon, comme ça… », suggère-t-il, laissant planer l’idée que Coluche aurait pu consciemment provoquer sa fin. Il écarte cependant toute hypothèse de complot politique, souvent évoqué dans les années qui ont suivi la mort de l’humoriste, notamment en raison de son engagement citoyen et de ses critiques acerbes du pouvoir.
Une page toujours pas tournée
À l’approche du 40e anniversaire de sa disparition, Coluche reste une figure incontournable de la mémoire collective française. Son franc-parler, sa générosité – en particulier avec la création des Restos du Cœur – et son engagement politique ont laissé une empreinte indélébile. Mais l’ombre plane encore sur ses derniers instants. Ce document exhumé par Var-Matin pourrait bien relancer les débats, et raviver l’appel à une vérité complète sur les circonstances de sa mort.