L’émission spéciale diffusée mardi soir sur France 2, consacrée à la préservation des océans, a été marquée par une passe d’armes inattendue entre Emmanuel Macron et Hugo Clément.
En direct depuis Nice, alors que le président s’exprimait sur les enjeux environnementaux, le journaliste l’a brusquement interrogé sur un sujet qui fâche : la nomination de Christophe Castaner chez Shein, déclenchant un échange tendu sur fond de greenwashing. Ce mardi 10 juin, France 2 a bouleversé sa grille pour diffuser Urgence Océan : un sommet pour tout changer. Co-présentée par Léa Salamé et Hugo Clément depuis la conférence internationale des Nations unies à Nice, l’émission se voulait une vitrine des actions concrètes et des pistes politiques pour enrayer la dégradation des océans. Plus de 110 chefs d’État, 3 000 scientifiques et 50 000 participants y sont réunis, dans une tentative mondiale de freiner la fonte des glaces, la pollution maritime et la surpêche.
L’objectif était clair : sensibiliser le grand public aux menaces qui pèsent sur la biodiversité marine, tout en donnant la parole à celles et ceux qui œuvrent sur le terrain — militants, scientifiques, figures publiques ou simples citoyens.
Un échange électrique en direct
Invité de cette soirée spéciale, Emmanuel Macron est intervenu pour défendre l’action de la France dans ce combat global. Mais un moment de tension est survenu lorsque le président a dénoncé les ravages environnementaux de la fast fashion, notamment sur les océans. Hugo Clément a alors saisi l’occasion pour interroger le président sur Christophe Castaner, ex-ministre de l’Intérieur, récemment intégré au comité RSE de la marque Shein, symbole de l’hyperconsommation textile.
La réaction d’Emmanuel Macron a été immédiate et agacée : « Oh, ne le mettez pas au pilori ! » a-t-il lancé, alors que la régie diffusait à l’écran une photo de Castaner. Hugo Clément a insisté : « Il travaille pour Shein, ça ne vous dérange pas ? », mettant directement le président face à une contradiction potentielle entre discours et proximité politique.
Un président sur la défensive
Visiblement irrité, Emmanuel Macron a tenté de recadrer le débat. « D’abord, Christophe Castaner est un homme libre. Il a beaucoup donné à la chose publique. Il est aussi président du port de Marseille », a-t-il rappelé, avant d’ajouter, un brin désabusé : « Je n’ai pas parlé de Shein avec lui, et ce n’est pas parce qu’il est chez Shein que ça change quoi que ce soit au schmilblick. »
Mais Hugo Clément a relancé, cinglant : « Ah bah quand même ! », ce qui a provoqué une réaction encore plus vive du chef de l’État : « Si vous voulez mettre des gens au pilori… Je trouve ça nul par rapport au débat. »* L’ambiance, jusque-là studieuse et pédagogique, a soudainement basculé dans la tension.
Une question qui dérange mais qui soulève un vrai enjeu
L’interpellation d’Hugo Clément n’était pas anodine. En choisissant de lier le cas Castaner à la question environnementale, le journaliste soulevait un problème éthique fondamental : comment des figures publiques ayant incarné l’action politique peuvent-elles ensuite rejoindre les rangs d’entreprises à l’impact écologique controversé, sans que cela n’entraîne de remise en question ?
Pour le président, la stratégie était claire : éviter de personnaliser le débat et recentrer l’échange sur les enjeux globaux. Pour Hugo Clément, au contraire, il était question de cohérence et d’exemplarité, surtout lorsqu’un ancien haut responsable politique rejoint un géant chinois de la fast fashion — secteur reconnu pour ses pratiques destructrices.
Une séquence révélatrice du climat actuel
Cette confrontation, très commentée sur les réseaux sociaux, illustre les fractures du débat écologique contemporain. D’un côté, une parole politique souvent jugée trop lisse ou déconnectée des réalités de la consommation. De l’autre, des journalistes et militants qui n’hésitent plus à provoquer l’inconfort en exposant les contradictions.