L’installation croissante de retraités américains en France suscite un débat inattendu.

Attirés par l’accès à la Sécurité sociale et l’absence d’impôt sur leurs pensions grâce à une convention fiscale avec les États-Unis, certains profitent d’un système qu’ils n’auraient jamais pu obtenir dans leur propre pays. Un phénomène qui interroge l’équité et la solidarité nationale.
Depuis plusieurs années, des retraités américains s’installent en France, séduits par un système de santé réputé pour sa qualité et son accessibilité, ainsi que par un coût de vie parfois plus avantageux qu’aux États-Unis. Dans certains territoires, notamment en Maine-et-Loire, cette présence devient suffisamment importante pour faire réagir des habitants et certains élus. Les articles dans la presse américaine vantant « l’art de vivre français » ont contribué à amplifier le mouvement, poussant de nombreux seniors à franchir l’Atlantique pour une retraite jugée plus douce.
La Sécurité sociale accessible dès trois mois de résidence
Depuis la mise en place de la protection universelle maladie (Puma) en 2016, tout étranger disposant d’un visa de long séjour et résidant depuis plus de trois mois en France peut accéder à la Sécurité sociale. Ce droit se veut universel, au nom d’une égalité d’accès aux soins et d’une simplification administrative. Pour les retraités américains, cela représente une opportunité unique : leurs dépenses de santé, souvent exorbitantes aux États-Unis, deviennent soudainement supportables. Beaucoup d’entre eux expliquent qu’ils n’auraient pas les moyens de se soigner correctement dans leur pays d’origine.
Un avantage fiscal qui renforce le malaise

L’autre point de crispation concerne la fiscalité. Une convention bilatérale franco-américaine permet à ces retraités de ne pas payer d’impôt sur leur pension en France, celle-ci étant uniquement imposée aux États-Unis. Concrètement, ils bénéficient du système de santé français tout en ne participant pas au financement de la Sécurité sociale. Pour certains Français, cela crée un sentiment d’injustice, surtout dans un contexte où le déficit de la Sécurité sociale pourrait atteindre un niveau particulièrement élevé.
Des résidents français de retour outrés par la situation
Claire, Française ayant vécu 25 ans aux États-Unis avant de revenir s’installer à Angers, se dit choquée par ce qu’elle observe. Selon elle, « jamais un retraité français ne pourrait obtenir un droit équivalent aux États-Unis », où l’accès à l’assurance maladie reste coûteux, inégalitaire et souvent dépendant d’un emploi. Elle dénonce un système à sens unique, où la France apparaît généreuse sans réciprocité possible. Pour elle, voir des retraités étrangers profiter d’une couverture sans contribution financière proportionnée est « écœurant ».










