Un changement stratégique d’envergure s’amorce au sein de l’information télévisée française. Léa Salamé, figure médiatique de premier plan, prendra dès la rentrée la tête du 20 heures de France 2, succédant à Anne-Sophie Lapix, dont le départ précipité révèle les tensions internes à France Télévisions.
Le 20 heures de France 2 s’apprête à vivre un tournant historique avec l’arrivée de Léa Salamé aux commandes, une décision révélée par Le Parisien ce jeudi 19 juin. À 45 ans, la journaliste d’origine libanaise quitte la matinale de France Inter, qu’elle animait depuis 2017 aux côtés de Nicolas Demorand, pour prendre les rênes du journal télévisé le plus suivi du service public. Son profil incisif, déjà connu pour ses interviews sans concession, augure un style plus tranchant pour l’édition du soir.
Cette nomination n’est pas sans soulever des interrogations, notamment sur la gestion de son indépendance, alors que son compagnon, Raphaël Glucksmann, s’impose comme une figure politique montante, pressenti pour jouer un rôle clé dans l’élection présidentielle de 2027. Le mélange des genres entre journalisme et sphère politique pourrait rapidement devenir un sujet épineux pour France Télévisions, déjà confronté à des accusations récurrentes de manque d’impartialité.
Une sortie douloureuse pour Anne-Sophie Lapix
Après huit années à la tête du 20 heures, Anne-Sophie Lapix fera ses adieux à l’antenne le 26 juin prochain. Mais ce départ n’a rien d’un simple passage de flambeau. D’après Télérama, la journaliste aurait été informée de sa mise à l’écart non pas en interne, mais par voie de presse. « Elle a appris son éviction par les médias. C’est dégueulasse », aurait soufflé un cadre de France 2, en écho à l’embarras général suscité par cette communication maladroite.
Delphine Ernotte, présidente du groupe France Télévisions, aurait ensuite tenté d’arrondir les angles lors d’un déjeuner improvisé au Festival de Cannes, confirmant la volonté du groupe de la voir quitter le JT mais tout en lui proposant d’autres projets. Un signal brouillé que certains interprètent comme une tentative d’éteindre l’incendie politique que cette éviction aurait pu allumer, tant Anne-Sophie Lapix restait une figure respectée malgré des audiences parfois en dents de scie.
Un pot de départ symbolique, une nouvelle ère qui s’ouvre
Refusant de partir sur la pointe des pieds, Anne-Sophie Lapix a tenu à organiser une soirée d’adieu à la hauteur de ses années de service. Un pot de départ est prévu le soir même du 26 juin, sur une péniche parisienne, comme l’indique Télérama. Une manière de boucler la boucle avec panache, avant de s’envoler vers de nouveaux horizons.
L’animatrice rejoindra à la rentrée le groupe M6/RTL, où elle prendra les commandes d’une grande interview dominicale à la télévision, ainsi que de la tranche stratégique 18h-20h sur RTL, en remplacement d’Yves Calvi. Un choix qui confirme la volonté du groupe privé de muscler sa grille autour de visages forts et crédibles.
Un jeu de chaises musicales révélateur d’un paysage en mutation
Ce bouleversement s’inscrit dans un vaste remaniement du paysage audiovisuel à la rentrée 2025. Agathe Lecaron quitte « Les Maternelles », Olivier Minne change de chaîne, et France 2 réoriente son 20 heures vers un format plus offensif avec Léa Salamé. Une stratégie qui vise clairement à reconquérir une audience volatile, de plus en plus attirée par les chaînes d’info continue ou les plateformes de streaming.
La journaliste, déjà star du samedi soir avec « Quelle époque ! », cumulera les responsabilités tout en faisant face à des attentes immenses. Reste à savoir si le public suivra cette bascule entre ton politique et grand-messe télévisée, et si Léa Salamé saura imposer sa griffe sans effriter la sacro-sainte neutralité du JT.