On croit souvent que la démence commence par des trous de mémoire. Pourtant, les chercheurs mettent en garde : la maladie peut se manifester par d’autres signes, parfois inattendus, qui précèdent de plusieurs années les pertes cognitives.
La démence regroupe des pathologies provoquant une détérioration progressive du cerveau, dont la plus connue est la maladie d’Alzheimer. On l’associe instinctivement à la mémoire, mais les chercheurs rappellent que les premiers signaux peuvent être d’ordre psychologique et comportemental.
La dépression comme symptôme précoce
Une étude publiée en 2017 dans la National Library of Medicine, menée par Fidelia Nature, Barbara-ann Guinn, Dong Pang et Yannis Pappas, met en lumière un constat troublant : la dépression serait le premier symptôme de la démence. Leur analyse, couvrant près de 80 ans de données médicales, révèle que ce signe apparaît chez 98,5 % des personnes atteintes d’Alzheimer à début tardif et chez 9 % des cas précoces.
Troubles cognitifs et signes discrets
Outre la dépression, les troubles cognitifs — difficultés de concentration, isolement, retrait social — surviennent tôt dans l’évolution de la maladie. Chez les patients à début tardif, ces troubles sont présents dans plus de 99 % des cas, contre 80 % dans les formes précoces. Ces observations démontrent que la perte de mémoire, bien que centrale, n’est pas l’alerte initiale.
Une perte de mémoire qui survient plus tard
Selon les chercheurs, la mémoire commence à décliner environ 12 ans avant le diagnostic clinique d’Alzheimer. Mais avant cela, ce sont des signes neurologiques et dépressifs qui traduisent une altération progressive du cerveau. Ces symptômes, parfois banalisés, doivent pourtant être pris au sérieux.
L’importance du dépistage précoce
L’Alzheimer’s Association rappelle que les symptômes communs à la dépression et à la démence — apathie, désintérêt, retrait social, troubles de la pensée — doivent alerter. Détecter la dépression chez un patient âgé permettrait non seulement d’améliorer sa qualité de vie, mais aussi de ralentir la progression de la démence si elle est associée à Alzheimer.
Un appel à la vigilance
Les chercheurs soulignent enfin un défi supplémentaire : les personnes atteintes d’Alzheimer expriment souvent moins clairement leurs émotions dépressives, ce qui peut retarder le diagnostic. Être attentif à ces changements de comportement devient donc essentiel, aussi bien pour les proches que pour les professionnels de santé.