Sept ans après le drame, Catherine continue de porter la voix de sa douleur. Sa fille a été assassinée en 2018 par un homme en situation irrégulière visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Invitée sur Europe 1, cette mère de famille revient sur un crime qui l’a marquée à jamais et qu’elle relie à une problématique plus large : celle de l’immigration et de l’insécurité. Tout commence en apparence comme un simple rendez-vous manqué. La fille de Catherine devait déjeuner avec son fils, mais ne s’est jamais présentée. L’absence, immédiatement jugée anormale par sa mère, déclenche une angoisse grandissante. Pendant dix jours, la famille cherche, alerte, questionne. « Connaissant ma fille, qui n’a jamais fugué, j’ai mis un coup de pied dans la fourmilière », raconte Catherine avec une voix brisée par le souvenir.
La police finit par se rendre au domicile de la disparue, alertée par l’insistance de la famille. Un voisin signale alors une terre récemment retournée au fond du jardin. C’est là que le corps de la jeune femme est retrouvé, poignardée à onze reprises, puis enterrée. Un choc brutal, insoutenable, qui vient mettre un terme à l’attente, mais pas à la souffrance.
Un suspect en fuite et sous OQTF
Très vite, les soupçons se tournent vers un homme qu’elle avait accueilli chez elle : un Algérien en situation irrégulière, qu’elle hébergeait temporairement. Elle lui avait donné un délai — jusqu’à la fin du Ramadan — pour trouver un logement. Mais au lieu de partir, il a disparu… en laissant derrière lui un crime.
L’homme est finalement arrêté en région parisienne, alors qu’il tentait de fabriquer de faux papiers pour fuir en Algérie. D’après Catherine, il aurait confié qu’il était venu en France pour obtenir des papiers via un mariage, mais que sa fille avait refusé de jouer ce rôle. Une décision qui, selon elle, lui aurait coûté la vie.
Une douleur intacte, un témoignage récurrent
Depuis, Catherine ne cesse de témoigner. Malgré les années, elle continue de raconter, de dénoncer, de mettre en garde. Son témoignage, relayé récemment dans l’émission Eliot Deval et vous sur Europe 1, s’inscrit dans une volonté de mettre en lumière les failles du système migratoire et les conséquences humaines de l’inaction.
« Ce sont des faits de société, parce que personne n’est à l’abri », affirme-t-elle. Elle évoque une petite ville de province marquée par une immigration importante, selon ses termes, et déclare ne pas vouloir dissocier l’assassinat de sa fille du contexte migratoire dans lequel il s’inscrit.
Une parole qui divise, mais qui interroge
Catherine n’élude pas la dimension sensible de son message. « Désolée d’associer le meurtre de ma fille à l’immigration, mais c’est le cas », dit-elle sans détour. Une déclaration qui, en France, résonne avec une actualité politique où la sécurité et l’immigration occupent une place centrale dans les débats.
Son récit soulève de nombreuses questions : comment une personne sous le coup d’une OQTF a-t-elle pu rester sur le territoire ? Pourquoi les mesures administratives n’ont-elles pas été exécutées ? Et comment protéger celles et ceux qui, comme la fille de Catherine, offrent leur toit sans imaginer qu’ils prennent un risque vital ?
Un appel à la vigilance, au-delà de la polémique
Le témoignage de Catherine, porté par la douleur, ne prétend pas incarner une solution politique. Mais il met en lumière un dysfonctionnement concret — celui d’un homme censé avoir quitté le territoire, mais resté sous le radar jusqu’à commettre l’irréparable.
Son cri de mère endeuillée vise à sensibiliser l’opinion, pas à stigmatiser, insiste-t-elle. Et dans cette France où les débats sur l’insécurité et l’immigration s’enflamment souvent, le souvenir de sa fille rappelle que derrière chaque dossier administratif non exécuté, il peut y avoir une vie humaine en jeu.