Une étude internationale vient raviver les inquiétudes autour d’un traitement largement consommé en France pour soulager les brûlures d’estomac et le reflux.

Alors que des millions de personnes y ont recours chaque année, de nouveaux travaux suggèrent une hausse notable du risque de tumeurs gastriques, en particulier chez les moins de 65 ans.
Les inhibiteurs de la pompe à protons, ou IPP, figurent parmi les traitements les plus prescrits en France pour réduire l’acidité gastrique. Utilisés contre le reflux gastro-œsophagien ou les brûlures d’estomac, ils semblent anodins. Pourtant, près de 16 millions de Français en consommaient déjà en 2019, selon la Haute Autorité de santé. Une banalisation qui interroge désormais, à la lumière d’une vaste étude européenne dévoilée lors du Congrès de gastro-entérologie de Berlin en octobre 2025.
Une étude massive sur 24 ans
Le projet « NordGETS », mené sur cinq pays nordiques, a analysé les données de santé de plus de 18 000 personnes. Les chercheurs ont comparé 1 790 cas de tumeurs neuroendocrines gastriques (NEN) avec un groupe témoin de 17 000 individus en bonne santé. Leur objectif : isoler l’effet réel des IPP en éliminant les facteurs perturbateurs, notamment l’infection à Helicobacter pylori, connue pour provoquer de graves inflammations de l’estomac.
Un risque accru chez les moins de 65 ans

Les conclusions, relayées par Medscape, sont préoccupantes : la prise régulière d’IPP augmenterait de 83 % le risque de développer une tumeur gastrique, une hausse particulièrement marquée chez les personnes de moins de 65 ans. Les molécules pointées du doigt incluent l’ésoméprazole, l’oméprazole, le lansoprazole, le pantoprazole et le rabéprazole, ainsi que leurs génériques largement disponibles en pharmacie.
Un mécanisme biologique en cause
Tous ces médicaments ont pour but de réduire l’acidité de l’estomac. Mais sur le long terme, cette baisse artificielle entraîne une réaction compensatoire : l’organisme produit davantage de gastrine, une hormone digestive. De façon anormale et prolongée, cette surproduction pourrait stimuler la croissance de certaines cellules, favorisant l’apparition de tumeurs rares mais bien réelles.
Faut-il arrêter de prendre les IPP ?
Face à ces résultats, les chercheurs se veulent prudents. Le Dr Eivind Ness-Jensen, premier auteur de l’étude, rappelle que l’incidence de ces tumeurs reste extrêmement faible, même chez les consommateurs réguliers. Le risque existe, mais il demeure limité : la prise d’IPP reste justifiée lorsqu’elle est médicalement nécessaire et suivie par un professionnel.










