Le décès de Thierry Ardisson, emporté par un cancer du foie à l’âge de 76 ans, met en lumière un mal discret et redoutable.
Ce « cancer silencieux », souvent diagnostiqué trop tard, est en forte progression en France. Quels sont les signes à surveiller, les facteurs de risque, et les traitements disponibles ? « Il est parti comme il a vécu. En homme courageux et libre« , a confié sa compagne Audrey Crespo-Mara après l’annonce de sa mort, survenue le 14 juillet. Dans un documentaire poignant diffusé deux jours plus tard sur TF1, La Face cachée de l’Homme en noir, Thierry Ardisson révélait son combat contre un cancer du foie diagnostiqué en 2012. L’évolution de la maladie, suivie jusqu’en 2025, montre un parcours de soins complexe, ponctué d’espoirs fragiles et de rechutes.
En décembre 2024, les caméras le filment à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière lors de sa radiothérapie. Trois mois plus tard, les médecins découvrent des nodules aux poumons. C’est le basculement vers une issue inéluctable.
Le cancer du foie : un fléau discret mais agressif
En France, 11.660 nouveaux cas ont été recensés en 2023, selon l’Institut national du cancer (INCa). Près de 76 % des malades sont des hommes. Ce type de cancer figure parmi les plus difficiles à traiter, notamment parce qu’il se développe souvent sans symptômes évidents, ce qui retarde le diagnostic.
Dans la majorité des cas, il survient sur un foie déjà affaibli par une cirrhose alcoolique ou une hépatite virale chronique. Mais il peut également toucher des personnes n’ayant aucun antécédent connu, rendant son dépistage d’autant plus difficile.
Des symptômes souvent tardifs et non spécifiques
Le cancer du foie reste « silencieux » à ses débuts, mais certains signes doivent alerter, en particulier s’ils s’inscrivent dans un contexte à risque. Parmi les manifestations les plus fréquentes :
une fatigue persistante ;
des douleurs localisées à droite dans l’abdomen ;
une perte de poids inexpliquée ;
PUBLICITÉ:un ictère, soit un jaunissement de la peau et des yeux ;
un gonflement abdominal ;
des nausées ou une perte d’appétit ;
des démangeaisons persistantes.
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Le Dr Pauline Guillouche, gastro-entérologue, rappelle que ces symptômes ne sont pas exclusifs au cancer du foie, mais doivent inciter à consulter rapidement afin de procéder à des examens hépatiques approfondis.
L’alcool et l’hépatite : principaux facteurs de risque
Les causes principales du cancer du foie sont aujourd’hui bien identifiées. Selon l’INCa, l’alcool est responsable de près de 48 % des cas. Les hépatites B et C, lorsqu’elles deviennent chroniques, constituent également des facteurs majeurs.
Le tabagisme, le surpoids, l’obésité, la sédentarité, ou encore des maladies plus rares comme l’hémochromatose (excès de fer dans le sang) ou la stéatose hépatique (foie gras) augmentent également le risque. Plus ces facteurs sont associés, plus la probabilité d’un cancer hépatique augmente, souvent de manière silencieuse.
Quels traitements pour un cancer du foie ?
Une fois diagnostiqué, le traitement dépend du stade d’avancement de la maladie et de l’état général du foie. L’INCa distingue quatre types de traitements de référence :
la chirurgie (ablation de la tumeur si localisée) ;
la greffe de foie, envisagée lorsque les lésions sont multiples mais limitées ;
les techniques de destruction tumorale (radiofréquence ou cryothérapie) ;
PUBLICITÉ:la chimiothérapie, notamment dans les cas avancés pour ralentir la progression.
Le pronostic reste souvent sombre, surtout lorsque la détection est tardive, comme dans plus de la moitié des cas. D’où l’importance de renforcer le dépistage pour les populations à risque.
Ce que nous enseigne le parcours de Thierry Ardisson
Le parcours de l’Homme en noir rappelle à quel point cette maladie peut s’insinuer dans l’ombre, progresser lentement, puis frapper brutalement. Malgré les traitements, malgré les suivis médicaux, malgré la force d’un homme public qui en avait fait un combat privé, le cancer du foie continue de faire partie des plus redoutés.