Face à une situation budgétaire jugée critique, François Bayrou tire la sonnette d’alarme. Selon le Haut-commissaire au Plan, la France ne pourra pas assumer durablement ses engagements si elle ne produit pas davantage et ne réindustrialise pas.
Une série de décisions majeures est attendue avant l’été pour redresser la trajectoire économique du pays.
François Bayrou l’a affirmé avec force ce mardi : la France souffre d’un double déficit, celui de la production et celui du travail. Lors d’une réunion du Comité d’alerte sur le budget, il a pointé du doigt une nation qui « ne travaille pas assez » pour financer ses ambitions. Cette déclaration vient en réponse à l’impératif de trouver 40 milliards d’euros d’économies d’ici 2026 afin de respecter les engagements européens sur le déficit public.
L’alerte est grave : le pays fait face à “une montagne de difficultés”. Selon Bayrou, seule une mobilisation collective et lucide des citoyens pourra permettre un véritable redressement budgétaire.
Des choix à faire : ni dettes supplémentaires, ni hausses d’impôts
Pour sortir de cette impasse, le Premier ministre écarte fermement deux voies souvent envisagées : l’endettement accru et l’augmentation des prélèvements obligatoires. À ses yeux, ces “solutions de facilité” sont non seulement inefficaces, mais également néfastes.
“La France détient déjà le record mondial des prélèvements obligatoires en 2024”, a-t-il souligné. Toute nouvelle hausse pèserait directement sur les ménages et les entreprises, freinant la croissance et accentuant les tensions sociales. Quant à la dette, elle est jugée « moralement inacceptable » et « politiquement insoutenable ». Le risque de dépasser les 100 milliards d’euros de charge annuelle d’ici 2029 est dans le viseur du gouvernement.
Produire plus, réindustrialiser mieux : la priorité absolue
Bayrou n’a pas esquivé les responsabilités de l’État. Pour lui, le retour d’une économie productive est la seule issue possible. Il appelle à faire de la réindustrialisation « une obsession nationale ». Cela suppose non seulement de relancer la production, mais aussi d’améliorer l’employabilité des jeunes et des seniors, deux catégories particulièrement sous-représentées dans le marché du travail français.
“Si notre production par habitant égalait celle de nos voisins européens, nous n’aurions pas de déficit”, a-t-il affirmé. Cette comparaison souligne l’écart de compétitivité que la France devra combler rapidement.
La Défense, un enjeu stratégique et budgétaire
Autre point majeur abordé par François Bayrou : le financement de la Défense nationale et européenne. Il a évoqué un besoin supplémentaire de 3 milliards d’euros pour le budget 2026, afin d’assurer l’indépendance militaire face aux bouleversements géopolitiques, notamment la guerre en Ukraine et le repli stratégique des États-Unis.
La France entend jouer un rôle moteur dans la construction d’une défense européenne autonome, ce qui implique un « immense effort partagé » entre les États membres. L’effort français, déjà conséquent, sera encore renforcé dans les années à venir.
Une réforme accélérée du calendrier budgétaire
Dans un souci de transparence et d’efficacité, François Bayrou a également annoncé une initiative inédite : les grandes orientations du budget 2026 seront dévoilées avant le 14 juillet, soit deux mois plus tôt qu’à l’accoutumée. Ce calendrier resserré vise à favoriser la concertation et à engager un débat de fond sur l’avenir économique de la France.
“Nous avons décidé d’aller plus vite, de prendre les devants, de choisir un calendrier plus ambitieux et plus exigeant”, a-t-il déclaré. Cette nouvelle méthode devrait permettre d’impliquer plus largement les partenaires sociaux, les experts économiques et les citoyens dans la construction du prochain budget.
François Bayrou l’a dit sans détour : “Il est des heures de vérité décisives, et celle-ci en est une”. La France n’a plus le luxe de différer les décisions difficiles. Le redressement des comptes publics passera par une transformation profonde du modèle économique, portée par une réindustrialisation assumée et une mobilisation collective.