En pleine présentation du budget 2026, François Bayrou a lancé une proposition inattendue : supprimer deux jours fériés.
Un projet qui secoue le paysage politique et fait déjà grincer des dents, tant du côté des syndicats que de l’opposition. Mardi 15 juillet 2025, François Bayrou, désormais Premier ministre, a présenté les grandes lignes du budget 2026. À cette occasion, il a surpris l’Assemblée et l’opinion publique en proposant de supprimer deux jours fériés, évoquant notamment le lundi de Pâques et le 8-Mai. Ces dates, symboliques à plus d’un titre, ont pourtant été mentionnées comme de simples « exemples », laissant la porte ouverte à d’autres alternatives.
« Ce sont des propositions », a-t-il précisé, tout en affirmant être prêt à examiner d’autres options. Selon lui, il s’agit de mesures concrètes pour lutter contre l’inefficacité économique et le manque de productivité, en particulier dans un mois de mai qu’il juge trop morcelé.
Des symboles forts remis en question
La justification du chef du gouvernement a suscité de vives réactions. François Bayrou a déclaré que le lundi de Pâques « n’a aucune signification religieuse », en contradiction avec le fait que cette journée est chômée dans de nombreux pays chrétiens. Quant au 8-Mai, il s’agit de la commémoration de la capitulation de l’Allemagne nazie en 1945, une date profondément ancrée dans l’histoire nationale.
Le Premier ministre semble vouloir remettre en cause ce calendrier « hérité », au nom d’une plus grande cohérence économique, mais l’émotion suscitée par ces exemples illustre combien ces jours fériés sont porteurs de mémoire collective.
Un mois de mai dans le viseur
Bayrou n’a pas mâché ses mots en évoquant le mois de mai, qualifié de « gruyère », entre ponts, jours fériés et viaducs. Pour le Premier ministre, cette configuration pèserait lourdement sur la dynamique de travail et l’organisation des entreprises. Il veut ainsi éviter, selon ses mots, « les journées de solidarité mal encadrées », préférant des décisions franches, concrètes et quantifiables.
En opposition à des dispositifs flous, comme la journée de solidarité instaurée dans les années 2000, Bayrou souhaite une mesure claire, applicable à tous, sans ambiguïtés. Il affirme vouloir « combattre le désenchantement face au travail » en redonnant du sens aux efforts collectifs.
Une levée de boucliers immédiate
Sans surprise, la réaction de l’opposition n’a pas tardé. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a dénoncé une « attaque directe contre notre histoire, contre nos racines, et contre la France du travail ». Il a affirmé sur X (ex-Twitter) que « aucun député RN n’acceptera » cette suppression, qu’il considère comme une provocation symbolique et politique.
Le message est clair : la bataille politique autour de cette proposition ne fait que commencer. À gauche comme à droite, de nombreuses voix s’élèvent pour défendre ces jours fériés comme des repères identitaires, historiques et sociaux.
Une idée aux conséquences explosives
Plus largement, cette proposition soulève une question sensible : peut-on sacrifier des jours de mémoire ou de tradition pour répondre à une logique économique ? Pour certains, cette approche technocratique ignore le poids du symbole. Pour d’autres, elle pourrait constituer un pas nécessaire vers une refonte du rapport au travail.
Dans un contexte social déjà tendu, et alors que les débats sur la valeur travail, le sens des congés et la mémoire nationale traversent la société française, la suppression de jours fériés pourrait cristalliser bien plus que des désaccords de calendrier. Elle pourrait devenir le symbole d’un clivage profond sur la manière dont la France envisage son avenir.