Les avantages sociaux des salariés pourraient bientôt coûter plus cher aux entreprises. Le gouvernement entend instaurer, dès 2026, une contribution sociale de 8 % sur les titres-restaurant, chèques vacances ou cadeaux, jusque-là largement exonérés.
Objectif affiché : redresser les comptes publics tout en rétablissant une équité entre salariés. C’est désormais confirmé : le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 introduit une taxe sociale de 8 % sur les compléments de rémunération tels que les titres-restaurant, chèques vacances et chèques cadeaux. Invité sur RTL, le ministre de l’Économie Roland Lescure a défendu la mesure au nom de la justice fiscale : « On demande un effort à tout le monde ». Selon Bercy, cette contribution — supportée par les employeurs — pourrait rapporter près d’un milliard d’euros à la Sécurité sociale, alors que l’exécutif s’est fixé pour objectif de ramener le déficit public à 4,7 % du PIB en 2026, contre 5,4 % aujourd’hui.
Des avantages jugés trop généreux par l’exécutif
Le gouvernement justifie cette taxe par le régime social jugé “trop avantageux” de ces compléments de salaire, souvent exonérés de cotisations. D’après les chiffres de la Cour des comptes, la valeur des titres-restaurant a progressé de 7,8 % par an entre 2018 et 2023, quand les salaires de base n’augmentaient que de 4,1 %. Cette hausse, combinée à leur large défiscalisation, aurait contribué à accroître les inégalités entre salariés, les dispositifs bénéficiant davantage aux plus hauts revenus. La nouvelle contribution vise donc à “limiter les effets de substitution entre salaires et avantages exonérés”, autrement dit à éviter que ces compléments ne servent à contourner les hausses de salaires.
Un risque de désengagement des entreprises
Si la mesure séduit Bercy, elle inquiète les entreprises, notamment les petites et moyennes structures. L’instauration d’un prélèvement de 8 % pourrait en effet réduire l’intérêt économique de ces avantages pour les employeurs, qui y voient un moyen de fidéliser leurs salariés sans alourdir les charges. Certaines PME pourraient renoncer à proposer ces dispositifs, faute de marges suffisantes. Ce risque de désengagement fait craindre une baisse du pouvoir d’achat indirect des salariés, dans un contexte d’inflation encore sensible.
Le gouvernement tente de rassurer
Pour désamorcer ces critiques, le ministère de l’Économie souligne que le taux retenu reste le plus bas parmi tous les forfaits sociaux existants. En d’autres termes, il serait encore plus avantageux de financer des titres-restaurant que d’augmenter directement les salaires. Roland Lescure défend ainsi un “compromis raisonnable”, qui préserverait l’attractivité des avantages tout en contribuant à la solidarité nationale.