Et si un simple geste pouvait éviter des drames ? C’est ce que promet l’“ouverture à la hollandaise” de la portière de voiture, une méthode inspirée des Pays-Bas et désormais envisagée en France.
Entre élan sécuritaire et levée de boucliers, cette proposition fait débat, mais pourrait bien s’imposer comme un réflexe salvateur. La scène est banale : vous stationnez en ville, coupez le moteur, vérifiez rapidement dans votre rétroviseur, puis ouvrez la portière pour sortir. Mais dans cet intervalle de quelques secondes, un cycliste peut surgir, invisible dans votre angle mort. Le choc est alors inévitable, souvent violent, parfois mortel.
C’est justement pour éviter ce type d’accident que les autorités françaises réfléchissent à imposer l’ouverture “à la hollandaise”, un geste déjà largement adopté aux Pays-Bas. Le principe ? Ouvrir la portière du conducteur avec la main droite (et non gauche), ce qui oblige à pivoter légèrement le torse. Ce mouvement naturel pousse à regarder par-dessus son épaule, augmentant ainsi les chances de repérer un cycliste ou un deux-roues arrivant sur le côté.
Une recommandation officielle en attente d’application
Ce geste figure parmi les 40 recommandations d’un rapport commandé par le ministère des Transports en octobre 2023, peu après le décès tragique du jeune Paul Varry à Paris, victime d’une portière ouverte sans précaution. Ce rapport, encore à l’étude, suggère même d’inclure ce geste dans les critères d’évaluation du permis de conduire.
Une idée saluée par plusieurs acteurs de la sécurité routière, à commencer par Emmanuel Barbe, ancien délégué interministériel à la sécurité routière, qui estime que cette mesure “peut être très facilement vérifiée lors de l’épreuve du permis”. L’objectif affiché : ancrer une nouvelle culture du respect entre automobilistes et cyclistes, dans un contexte de cohabitation parfois tendue.
Une pédagogie jugée utile par certains
Le journaliste Olivier Truchot, présent sur le plateau des “Grandes Gueules” sur RMC, soutient aussi l’initiative. “Cela ne coûte rien de l’enseigner. Si ça peut sauver des vies, c’est une très bonne chose”, affirme-t-il. Il insiste sur le pouvoir d’exemplarité des jeunes conducteurs, qui pourraient ensuite transmettre ce réflexe à leur entourage, contribuant à une prise de conscience plus large.
L’idée d’un apprentissage dès la formation initiale fait ainsi son chemin, appuyée par les statistiques : chaque année, des dizaines de cyclistes sont blessés ou tués à la suite de l’ouverture brutale d’une portière, un accident si courant qu’il porte un nom dans le jargon de la route : le “dooring”.
Une levée de boucliers chez certains usagers
Mais l’unanimité n’est pas au rendez-vous. Sur le même plateau, Barbara Lefebvre, enseignante et chroniqueuse, dénonce une sur-réglementation inutile. “Foutez-nous la paix”, s’agace-t-elle, estimant que regarder son rétroviseur et son angle mort suffit. Pour elle, ce geste nouveau risque d’être douloureux voire inadapté, notamment pour les personnes souffrant de problèmes de dos ou de mobilité.
Des réserves partagées par le docteur Jérôme Marty, qui rappelle que “les personnes âgées, en surpoids ou fragiles” pourraient éprouver des difficultés à effectuer ce mouvement rotatif.
Pour l’heure, aucune décision définitive n’a été prise. Le rapport est entre les mains du ministère des Transports, qui étudie la faisabilité de cette recommandation. Son application pourrait passer par une modification du code de la route et des épreuves du permis, mais également par des campagnes d’information destinées à sensibiliser le grand public.