Symbole d’un cyclisme héroïque des années 90, Richard Virenque reste dans l’imaginaire collectif comme l’un des plus grands grimpeurs français.
Mais derrière les exploits sportifs et les victoires en montagne se cache une histoire personnelle marquée par un effondrement physique et affectif, notamment après un accident dramatique en 2006. Sept fois vainqueur d’étapes sur le Tour de France entre 1994 et 2004, Richard Virenque a longtemps incarné l’esprit combatif et flamboyant du cyclisme tricolore. Avec un palmarès impressionnant, qui inclut le Trophée des Grimpeurs, Paris-Tours ou encore le Tour du Piémont, il s’est imposé comme une figure incontournable de sa génération.
Maillot à pois sur les épaules et panache dans les jambes, Virenque faisait vibrer les foules à chaque ascension. Si son nom évoque aujourd’hui un certain âge d’or, il continue d’inspirer de jeunes talents comme David Gaudu, promis à un rôle majeur sur le prochain Tour de France.
2006 : la chute qui change tout
Mais la trajectoire de Virenque a aussi connu un virage brutal en 2006. Lors d’une course, il est victime d’une terrible chute. Le choc est tel que l’ancien cycliste souffre d’un grave traumatisme crânien. Son visage est méconnaissable, et son quotidien bascule. « Traumatisme crânien, 32 points de suture, sous morphine pendant six mois », raconte-t-il avec lucidité.
Sans casque au moment de l’accident, il s’en sort paradoxalement avec moins de séquelles neurologiques : « Mon front s’est ouvert en deux, ça a été ma chance. Avec un casque, j’aurais pu avoir des lésions irréversibles. » La scène est glaçante : crâne fracturé, œdème visible, visage tuméfié, Virenque est transféré en urgence.
Une reconstruction à tous les niveaux
La suite tient du parcours de résilience. Entre les mains du professeur Lebeau, chirurgien esthétique, l’ex-champion retrouve peu à peu un visage, une image de lui-même. Mais la blessure psychologique est profonde. « J’étais un zombie », se souvient-il. Même son jeune fils ne peut le regarder plus de deux minutes à l’hôpital, tant son apparence est bouleversée. « Ils m’ont trépané… ils m’ont coupé la tête en deux. »
La convalescence est longue, marquée par une dépression inévitable : « Après un traumatisme crânien, tu fais une dépression nerveuse de huit à douze mois. C’est normal, il faut être accompagné. » C’est là que le sort s’acharne.
La trahison intime au creux de la vague
Alors que Virenque tente de se relever, il est frappé de plein fouet par une autre douleur : sa femme le quitte pour un autre homme. « Mon ex-femme a eu la bonne idée de se barrer avec quelqu’un d’autre quand j’étais au fond du gouffre », lâche-t-il, sans détour.
Cette rupture, survenue à un moment d’extrême vulnérabilité, laisse des traces indélébiles. « J’étais à ramasser à la petite cuillère. » Le champion, adulé pour son endurance et son mental sur le vélo, se découvre alors impuissant face à l’abandon intime. Plus que les blessures physiques, ce sont les plaies affectives qui prendront le plus de temps à cicatriser.
Une icône en reconstruction
Aujourd’hui, Richard Virenque reste un visage familier du cyclisme français, consultant ou invité régulier sur les plateaux lors des grandes compétitions. Mais derrière le sourire retrouvé, les stigmates d’une épreuve intime demeurent. L’homme a connu les sommets, la chute, la solitude, et s’est relevé — non sans séquelles, mais avec dignité.