Dans un hémicycle souvent dominé par les joutes politiques, Aurélien Rousseau a choisi, ce mardi 3 juin, de briser le silence.
L’ancien ministre de la Santé, aujourd’hui député PS-Place Publique des Yvelines, a révélé être atteint d’un cancer. Un témoignage personnel livré sans calcul, mais porteur d’un message politique fort : sortir la maladie de l’ombre pour mieux la combattre.
C’est au détour d’une question au gouvernement qu’Aurélien Rousseau a livré cette révélation intime : il est atteint d’un cancer. Une parole rare dans un tel contexte, mais assumée. Le lendemain, invité des « 4V » sur France 2, le député explique avoir pris cette décision dans un élan de sincérité, presque instinctif, sans avoir « forcément beaucoup réfléchi ». Car la maladie, dit-il, génère avant tout un « sentiment de solitude », alors qu’elle concerne chaque année plus de 400 000 nouveaux cas en France.
Ce choix d’exposer sa vulnérabilité publique est aussi politique. Pour lui, lutter contre le cancer ne passe pas seulement par la médecine, mais par la parole, la prévention, l’action publique. Et visiblement, son témoignage résonne : « Le nombre de messages de patients, ou de proches de patients, que je reçois depuis hier me montre combien cela fait du bien de l’entendre », confie-t-il avec émotion.
Une alerte sur une « épidémie émergente »
Âgé de 48 ans, Aurélien Rousseau dénonce une réalité préoccupante : de plus en plus de personnes jeunes sont touchées par la maladie, notamment le cancer colorectal. « Aujourd’hui, quand on a moins de 50 ans, on a deux à trois fois plus de risques qu’un individu né dans les années 1950 », souligne-t-il. Un phénomène encore mal expliqué, mais qui pourrait être lié à des facteurs environnementaux et alimentaires, notamment la consommation d’aliments ultra-transformés.
Pour y faire face, l’ancien ministre insiste sur la nécessité de renforcer la prévention et la recherche. Et dans ce combat, les données sont capitales : il appelle donc à l’adoption d’un registre national des cancers, afin de centraliser l’information au service des chercheurs, des médecins et de la santé publique. Le Sénat a déjà adopté une proposition de loi en ce sens, mais le texte peine à trouver sa place à l’Assemblée, une inertie qu’Aurélien Rousseau déplore : « On vote parfois des textes bien moins cruciaux. »
Une vigilance constante, et une bataille partagée
Malgré la gravité du diagnostic, le député assure être « très bien soigné ». Après une opération réussie, il reste sous surveillance médicale constante, une épreuve qu’il partage désormais avec des centaines de milliers de Français. « C’est une période d’incertitude », dit-il, avec une gravité lucide, mais sans jamais céder à l’abattement.
Ce témoignage s’inscrit aussi dans une continuité d’engagement : inspiré par la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, qui avait elle-même évoqué son cancer en début d’année, Aurélien Rousseau choisit la parole comme levier d’action. Un acte d’humanité politique, qui vise à faire de la maladie un sujet collectif, et non un fardeau individuel.
Un appel à agir, au-delà des mots
Le député PS interpelle ses collègues : la lutte contre le cancer ne peut être reléguée à l’arrière-plan des priorités budgétaires. Les crédits pour la recherche, la prévention, et l’accompagnement doivent être sanctuarisés. Et pour cela, la parole ne suffit pas : il faut des actes législatifs, des décisions concrètes, du courage politique.