Après plusieurs semaines de silence, Marine Le Pen a signé un retour remarqué sur le petit écran. Invitée de Darius Rochebin sur LCI, la cheffe du Rassemblement national s’est livrée sans détour, oscillant entre hommage à Donald Trump, discours offensif sur l’Algérie et clarification de ses ambitions politiques. Une interview qui réaffirme sa stature de candidate présidentielle en puissance.
Face à Darius Rochebin, Marine Le Pen a affiché une admiration intacte pour Donald Trump, qu’elle décrit comme un dirigeant “direct et fidèle à ses promesses”. Selon elle, “il a pris des engagements et, dès les premiers jours, il est allé dire au peuple américain : Vous m’avez élu pour faire ça, je vais le faire”.
Un modèle qu’elle estime inexistant en France, où, selon elle, les élites “ne rendent plus de comptes à leurs citoyens”. Dans la continuité de cette critique, elle a fustigé la diplomatie française actuelle, qu’elle juge trop conciliante envers certains pays étrangers. “Pourquoi faisons-nous preuve d’une telle faiblesse avec des nations qui nous crachent au visage matin, midi et soir ?”, a-t-elle lancé, citant notamment l’Algérie, le Rwanda et les Comores.
Des propos explosifs sur la colonisation de l’Algérie
La fille de Jean-Marie Le Pen n’a pas hésité à rouvrir un dossier brûlant : celui de la colonisation. “Je peux comprendre que des peuples souhaitent l’indépendance. Mais dire que la colonisation de l’Algérie a été un drame, ce n’est pas vrai”, a-t-elle affirmé, provoquant aussitôt un tollé. Selon elle, la France aurait “largement contribué au développement du pays, notamment sur le plan économique et des infrastructures”.
Marine Le Pen est allée plus loin, estimant que cet héritage aurait pu faire de l’Algérie “la Norvège du Maghreb”. Un propos qui illustre la ligne historique du RN : valoriser l’action coloniale tout en appelant à une réconciliation. “Si nous avons réussi à faire la paix avec l’Allemagne, nous devrions être capables de le faire avec l’Algérie”, a-t-elle conclu, dans une tentative d’équilibre entre fermeté et ouverture.
“Première ministre ? Très peu pour moi !”
Sur le plan politique intérieur, Marine Le Pen a profité de l’entretien pour écarter toute hypothèse d’un rôle gouvernemental futur. “Première ministre ? Très peu pour moi !”, a-t-elle tranché, réaffirmant son unique objectif : l’Élysée. Aux côtés de Jordan Bardella, qu’elle décrit comme son “partenaire politique de confiance”, elle assure que le duo travaille “depuis des années avec un objectif clair”.
Pas de guerre d’ego, promet-elle, mais une stratégie concertée : Bardella à Matignon, elle à la présidence, dans la perspective de 2027. Toutefois, son avenir politique dépendra aussi du verdict du 31 mars prochain, date-clé dans l’affaire des “emplois fictifs” d’assistants parlementaires européens.
Une défense ferme face à la justice
Accusé, avec son parti, d’avoir détourné des fonds européens, le RN attend la décision du tribunal. Marine Le Pen, elle, nie catégoriquement toute malversation : “Je suis totalement innocente des faits qu’on me reproche”, a-t-elle insisté, affirmant qu’une éventuelle inéligibilité constituerait “une atteinte grave à la démocratie”. En cas de condamnation, elle a d’ores et déjà promis de faire appel, convaincue que la procédure “n’a d’autre but que de salir” sa candidature à venir.
Zidane, la piqûre de rappel
L’entretien s’est conclu sur un souvenir de campagne : l’épisode Zidane de 2017, resté dans toutes les mémoires. À l’époque, l’ancien champion du monde avait appelé les Français à “éviter le Front national”. Une sortie que Marine Le Pen n’a jamais digérée : “Avec ce qu’il gagne, je comprends qu’il vote Macron”, avait-elle répliqué.
Hier encore, elle a défendu sa position, jugeant “terrifiant” le message implicite envoyé “aux jeunes de quartiers à qui l’on dit que la seule issue, c’est de devenir footballeur ou dealer”. Une pique acérée, à son image, qui résume son rapport au monde médiatique : entre provocation assumée et rhétorique populaire.













