Face à la crise des vocations dans les petites communes, les députés ont voté ce mardi 8 juillet une revalorisation ciblée des indemnités des élus locaux. Une décision qui fait débat dans un contexte budgétaire tendu, alors que le Parlement poursuit l’examen d’un texte sur le statut de l’élu.
L’Assemblée nationale a adopté un amendement du gouvernement, introduisant une revalorisation dégressive des indemnités des maires adjoints et des élus locaux selon la population communale. Cette mesure prévoit une augmentation allant de 10 % pour les plus petites communes à 4 % pour celles de moins de 20 000 habitants, afin de soutenir l’engagement des élus ruraux, souvent sous-payés malgré une charge de travail importante. Le texte s’inscrit dans un projet de loi global visant à moderniser et sécuriser le statut des élus, en première lecture cette semaine.
Priorité aux petites communes, par souci d’équité… et d’économie
Initialement, la version sénatoriale proposait une hausse uniforme de 10 % pour toutes les communes, quelle que soit leur taille. Mais le gouvernement et la majorité ont plaidé pour une approche différenciée, considérant que les petites collectivités souffrent davantage du manque de reconnaissance et de moyens. Lundi déjà, les députés avaient validé une hausse similaire pour les maires, allant de +8 % pour les villages de moins de 500 habitants à +1,4 % pour les grandes villes. Une logique d’équité territoriale, mais aussi de rigueur budgétaire assumée par l’exécutif.
Une harmonisation encore à trancher
Le ministre François Rebsamen, en charge de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, a évoqué la nécessité d’harmoniser ces deux mesures, celle sur les maires et celle sur les maires adjoints. Il n’a pas exclu un nouveau vote pour ajuster les taux d’augmentation, afin d’assurer la cohérence du dispositif. Ce possible retour en séance reflète les tensions entre volonté de réforme et impératifs de maîtrise des finances publiques.
Un vote sur les retraites locales qui divise l’hémicycle
Autre mesure adoptée, bien plus controversée : l’octroi automatique d’un trimestre de retraite par mandat aux élus locaux, dans la limite de huit. Cette disposition, votée contre l’avis du gouvernement, provoque de vives réactions. La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a dénoncé un privilège « exorbitant », soulignant qu’il alourdirait le déficit du régime des retraites de 45 millions d’euros par an. Elle pointe également l’absence de financement identifié, ce qui pose un problème de soutenabilité.
Un engagement local qui pèse sur les carrières
À l’inverse, la députée Renaissance Violette Spillebout a vigoureusement défendu la mesure, en s’appuyant sur le précédent accordé aux sapeurs-pompiers volontaires en 2023. Elle rappelle que de nombreux élus locaux doivent réduire leur activité professionnelle pour se consacrer à leur mandat, ce qui a un impact direct sur leur carrière, leurs revenus et leurs droits à la retraite. Selon elle, reconnaître cet engagement par une compensation symbolique mais concrète est une manière de revaloriser un maillon essentiel de la démocratie locale.
Des débats qui révèlent une fracture politique
Si l’Assemblée s’accorde globalement sur la nécessité de redonner de l’attractivité au mandat local, les divisions apparaissent dès lors qu’il s’agit de chiffrer les mesures. Certains parlementaires, comme la députée Horizons Marie-Agnès Poussier-Winsback, dénoncent des débats « hors-sol », estimant qu’ils entrent en contradiction avec la recherche d’économies budgétaires fixée à 40 milliards d’euros. Un dilemme récurrent : comment soutenir les élus locaux tout en gardant la ligne d’austérité fixée par l’exécutif ?
Une réforme en cours, mais sous haute surveillance
Le texte, dont l’adoption définitive en première lecture est attendue jeudi ou vendredi, pourrait encore évoluer selon les arbitrages de dernière minute. En filigrane, il porte l’ambition de réhabiliter le statut de l’élu local, tout en jonglant avec les contraintes budgétaires.