L’affaire Aqababe – Rima Hassan a enflammé le réseau X dans la soirée du 15 juin, mêlant clash numérique, mémoire d’une agression violente, politique internationale et accusations croisées. Un mélange explosif où la frontière entre vie privée, engagement militant et règlements de comptes devient de plus en plus floue.
Dimanche soir, le blogueur Aqababe a publié une vidéo captée place de la République, montrant Rima Hassan, eurodéputée LFI, en compagnie d’un jeune homme, dans une attitude décrite comme « complice ». Cette scène, banale en apparence, a suffi à provoquer une avalanche de réactions. L’intéressée aurait demandé en privé la suppression de la publication, ce que le blogueur s’est empressé de rendre public, publiant une capture d’écran du message, assortie d’un commentaire d’une vulgarité assumée : « Toi, par contre, sce moins en DM ».*
Une phrase immédiatement perçue comme sexiste et violente, qui a nourri un clash très médiatisé, amplifié par la notoriété grandissante de Rima Hassan dans le débat public.
Un GIF à double tranchant : les fantômes d’un passé violent
Mais le point de rupture est ailleurs. Peu après la publication d’Aqababe, Rima Hassan a posté un GIF du rappeur Maes, perçu comme une référence directe à l’agression subie par le blogueur en 2019. Pour rappel, Aqababe avait à l’époque été kidnappé, séquestré et passé à tabac, après un voyage à Marrakech, dans une affaire impliquant plusieurs hommes, dont le rappeur Maes, selon le blogueur. L’affaire, pourtant très médiatisée, avait été classée sans suite, mais reste un traumatisme pour l’intéressé.
Ce choix de GIF a déclenché une vive polémique. Pour de nombreux internautes, dont des militants LGBT, l’eurodéputée a franchi une ligne rouge, en semblant rappeler, voire « cautionner » une agression à caractère homophobe.
Une députée accusée d’ambiguïté violente
L’acteur et militant Guillaume Mélanie n’a pas tardé à réagir avec force : « Comment une députée française peut-elle jouer les caïds et cautionner ce genre d’agression homophobe ? » Et de souligner : « Elle pouvait porter plainte pour atteinte à la vie privée, mais pas répondre par des images codées d’un agresseur connu ». Il annonce vouloir déposer plainte, estimant que ce type de communication ne peut pas être toléré dans une démocratie représentative.
Cette prise de position donne un tour judiciaire à une affaire initialement cantonnée aux réseaux sociaux, et soulève la question du rapport des élus à la violence symbolique dans l’espace numérique.
Maes s’en mêle… sur un tout autre terrain
Comme souvent dans les clashs en ligne, un rebondissement inattendu est venu relancer l’agitation. Interpellé implicitement via le GIF, le rappeur Maes a réagi… mais sans prendre parti pour personne. Il a publié une phrase sur le Sahara occidental : « Le Maroc restera dans son Sahara et le Sahara demeurera dans son Maroc jusqu’à la fin du temps ». Une manière détournée d’affirmer son attachement à la cause marocaine, et par là même, de marquer une rupture avec Rima Hassan, connue pour son soutien au Front Polisario.
L’ironie est d’autant plus forte que Maes semble aujourd’hui réconcilié avec Aqababe, après des années de tensions. Un retournement qui n’a pas échappé aux observateurs politiques et culturels, toujours prompts à décoder les sous-entendus dans ces échanges cryptés.
Rima Hassan sous pression, mais soutenue par son camp
En pleine tempête, la députée LFI n’a pas directement répondu aux accusations, mais elle a pu compter sur des soutiens internes, comme Aly Diouara, autre figure insoumise, qui a préféré tourner en dérision Aqababe en rappelant sa médiatisation post-agression sur TPMP, plutôt que de commenter le fond.
Ce soutien n’a pas empêché une fracture dans l’opinion, où de nombreux internautes dénoncent une forme de double standard, reprochant à certains élus de gauche de manquer de clarté lorsqu’ils sont eux-mêmes à l’origine de polémiques liées à la violence ou à la provocation.
Quand le clash numérique dépasse les frontières
Au-delà de l’opposition personnelle, cette séquence révèle les tensions multiples qui traversent la société française : politiques, générationnelles, culturelles, mais aussi géopolitiques. Le conflit autour du Sahara occidental, le rappel des violences subies, le rapport aux réseaux sociaux comme armes politiques… tout se mêle ici dans un cocktail explosif.
Ce que cette affaire montre surtout, c’est la porosité croissante entre sphère publique et sphère intime, entre militantisme politique et influence numérique, entre mémoire des violences et stratégies de communication.
Une question reste désormais en suspens : la justice tranchera-t-elle là où la Toile s’enflamme ?