À 77 ans, Anny Duperey continue d’illuminer l’écran avec la même intensité, portée par une carrière riche et une vie personnelle marquée par les drames.
Si son rôle dans « Mort d’un berger » résonne avec force, c’est aussi parce que l’actrice a elle-même côtoyé de près la douleur du deuil. Portrait d’une femme entière, libre et lucide.
Dans le téléfilm « Mort d’un berger », adapté du roman de Franz-Olivier Giesbert, Anny Duperey incarne une mère brisée par la perte de son fils. Un rôle poignant que l’actrice maîtrise avec une finesse rare, portée par sa propre histoire, même si la fiction n’est pas directement inspirée de sa vie. À l’écran, elle donne chair à la souffrance maternelle avec une justesse bouleversante, témoignant une fois encore de son immense talent.
Le drame fondateur de son enfance
Si Anny Duperey parvient à transmettre tant d’émotion dans ses interprétations, c’est sans doute parce que la douleur, elle l’a connue très tôt. À l’âge de neuf ans, elle perd tragiquement ses deux parents, victimes d’une intoxication au monoxyde de carbone. Un événement traumatique qu’elle a mis des années à aborder, avant de le coucher sur papier dans son autobiographie Le Voile noir, publiée en 1992. Ce livre, devenu un témoignage bouleversant, lève le voile sur une blessure encore vive : « Ce drame m’a marquée à jamais », confie-t-elle souvent.
Un refus de maternité comme cri du cœur
Longtemps, cette tragédie a influencé ses choix de vie, y compris son refus d’avoir des enfants. Anny Duperey a cru, un temps, que la filiation n’était pas faite pour elle. Ce n’est qu’après sa rencontre avec Bernard Giraudeau, avec qui elle partagera quinze années de vie, que cette position évoluera. Il lui aurait dit un jour : « Le refus d’enfant à ce point, c’est une forme de suicide », une phrase qui l’aurait profondément ébranlée. Ensemble, ils auront deux enfants, Gaël et Sara.
Une grand-mère au rôle élargi
Aujourd’hui, Anny Duperey est aussi une grand-mère comblée, avec six petits-enfants. Mais son engagement familial va au-delà : elle veille également sur les filles de sa nièce, dans un rôle de grand-mère de cœur, depuis la disparition de sa sœur. Cette fibre familiale, nourrie par les pertes et les silences du passé, s’exprime chez elle par une tendresse vigilante et une forme de protection discrète mais constante.
Une lucidité touchante sur la fin de vie
Interrogée par Gala en 2022, l’actrice s’est livrée sans détour sur sa propre vision de la fin de vie. « J’espère partir avant d’être un poids », déclare-t-elle avec une honnêteté rare. Elle refuse l’idée de dépendance, une valeur qu’elle dit avoir héritée de sa famille : « Ne jamais dépendre de personne pour vivre. Et surtout pas d’un homme ». Cette volonté d’autonomie traverse son existence, tout comme sa détermination à rester debout, coûte que coûte.
Malgré le temps qui passe, Anny Duperey n’envisage pas de quitter les planches. Elle affirme que jouer, monter sur scène, la maintient en vie : « C’est comme un corset extraordinaire qui vous tient », a-t-elle confié à Nice-Matin. La discipline de l’artiste, l’exigence de la représentation, sont pour elle une façon de rester en alerte, en forme, mais surtout en lien avec les autres. « Je n’ai pas envie d’arrêter », répète-t-elle, preuve que la passion n’a pas d’âge.