Un vent de changement souffle sur France Télévisions, et il emporte avec lui l’une des figures les plus emblématiques du paysage audiovisuel français.
Anne-Sophie Lapix, visage du 20 heures de France 2 depuis 2017, est poussée vers la sortie par la direction du groupe. Une décision qui, en interne, suscite à la fois incompréhension et approbation.
C’est Delphine Ernotte, fraîchement reconduite à la tête de France Télévisions, qui signe là sa première grande décision depuis le début de son second mandat. Le choix d’évincer Anne-Sophie Lapix du journal télévisé du soir a été officialisé récemment, mettant fin à une période de spéculations qui durait depuis plusieurs mois.
“C’est brutal”, glisse un cadre de France 2, visiblement déconcerté par l’annonce. “On en entendait parler, bien sûr. Mais comme rien ne venait, on avait fini par croire que ces rumeurs étaient infondées”, confie-t-il encore. Pourtant, certains y voyaient une décision stratégique attendue, à l’instar d’un ancien journaliste de la maison : “Les audiences s’érodaient. Il fallait un signal fort avant de lancer la grille de rentrée.”
Une tenue aux allures de message
Pour l’instant, Anne-Sophie Lapix est toujours à l’antenne. Mais ce mardi 27 mai 2025, sa tenue vestimentaire a relancé toutes les interprétations. Un simple blazer noir ? Peut-être. Mais c’est le même qu’elle portait lors de l’interview très commentée de Jordan Bardella, chef de file du Rassemblement national. Une entrevue qui, pour certains observateurs, aurait joué un rôle non négligeable dans sa mise à l’écart.
Sur X (ex-Twitter), le journaliste Julien n’a pas manqué de le souligner :
“Parfois, le diable se cache dans les détails… Ce soir, Anne-Sophie Lapix portait le même blazer que lors de l’interview de Bardella. Alors, message codé ou simple clin d’œil involontaire ?”
Un échange politique encore dans les mémoires
L’interview en question avait marqué les esprits par sa tension palpable et la montée en intensité des échanges. Anne-Sophie Lapix s’était illustrée par un ton incisif qui, avec le recul, semble lui avoir coûté cher. Elle-même l’a reconnu, quelques semaines plus tard :
“Je trouve que je me suis un petit peu emportée… Je ne voulais pas, mais je trouve ça rude de sortir quelque chose d’aussi sensible sur une question quasi technique.”
Ce moment de télévision, qui aurait pu être salué comme une démonstration de pugnacité journalistique, a finalement été perçu par certains comme une erreur de forme, voire une faute professionnelle. La journaliste, habituellement maîtrisée, n’a pas réussi à dissimuler son agacement face à la réponse émotionnelle de Bardella sur une question budgétaire.
Le coût d’un style incisif
Anne-Sophie Lapix n’a jamais eu la langue dans sa poche. Réputée pour sa rigueur, mais aussi pour son style direct, elle a toujours revendiqué une liberté de ton qui a pu gêner, voire déranger dans les arcanes feutrés de la télévision publique. Cette éviction marque un tournant autant pour sa carrière que pour la ligne éditoriale de France 2.
Si l’on ne connaît pas encore l’identité de son successeur ou successeure, le départ d’Anne-Sophie Lapix signe la fin d’une époque, celle d’un journal où l’ancrage politique et l’exigence journalistique avaient encore droit de cité — quitte à heurter.
Et maintenant ?
La journaliste ne s’est pas encore exprimée publiquement sur cette éviction. Mais ses derniers choix — vestimentaires ou éditoriaux — laissent transparaître une volonté de ne pas quitter le plateau en silence. Reste à savoir si France Télévisions envisage de lui proposer une autre case ou un nouveau format, ou si la rupture est bel et bien consommée.