Adorée ou détestée, Nellie Oleson reste une figure incontournable de « La Petite Maison dans la prairie ». Mais derrière la perruque dorée de cette enfant terrible, Alison Arngrim a mené une vie bien plus complexe et bouleversante que son rôle culte ne le laissait deviner.
Diffusée de 1974 à 1983, La Petite Maison dans la prairie s’est imposée comme l’une des séries familiales les plus emblématiques du petit écran. Adaptée des romans de Laura Ingalls Wilder, elle racontait la vie d’une famille pionnière dans l’Amérique du XIXe siècle. Si Michael Landon (Charles Ingalls) et Melissa Gilbert (Laura) ont marqué le public par leur tendresse, le personnage de Nellie Oleson, interprété par Alison Arngrim, est resté dans toutes les mémoires pour ses bouderies légendaires, ses caprices et ses méchancetés savoureuses.
Propulsée sur le devant de la scène dès l’âge de 12 ans, Alison Arngrim a su incarner à la perfection cette enfant gâtée au caractère exécrable, devenant malgré elle une icône télévisuelle… et le souffre-douleur préféré des téléspectateurs.
Une famille en apparence artistique, mais marquée par le drame
Ce que l’on sait moins, c’est qu’Alison n’était pas la seule à nourrir une carrière sous les projecteurs. Son frère aîné, Stefan Arngrim, avait lui aussi percé à Hollywood, notamment dans la série de science-fiction Land of the Giants, avant de poursuivre dans des films comme Class of 1984 ou encore Strange Days. Mais derrière cette façade de famille talentueuse, se cachait un drame profondément traumatisant.
Dans son autobiographie publiée en 2010, La petite garce dans la prairie, Alison Arngrim révèle avoir été victime d’agressions sexuelles répétées de la part de son frère, entre ses 6 et 9 ans. Un secret qu’elle a gardé pendant de longues années, faute d’écoute ou de soutien. Ce n’est qu’à l’âge adulte qu’elle trouve la force de confronter son agresseur et de couper définitivement les liens. « Je me suis sauvée en le quittant, et je ne suis jamais retournée en arrière », écrit-elle avec force.
Une renaissance artistique à travers le rire
Malgré ce passé douloureux, Alison Arngrim n’a jamais sombré. Bien au contraire : elle a su se réinventer en artiste libre, mordante et toujours aussi attachante. Depuis plusieurs années, elle sillonne la France avec un spectacle singulier, Nellie Oleson enflamme les années 80, aux côtés de Patrick Loubatière. Un one-woman-show qui mêle humour, nostalgie et confessions piquantes, dans lequel elle évoque aussi bien sa carrière que ses souvenirs d’enfance… avec une autodérision désarmante.
À travers ce projet, elle ne se contente pas de faire revivre son personnage de fiction : elle s’en empare, le détourne, le réinvente, et surtout, elle prouve qu’elle a bien plus à offrir qu’un simple rôle de chipie de télévision.
Une militante engagée depuis trois décennies
Loin des strass, Alison Arngrim s’est imposée comme une voix puissante dans la lutte contre les injustices. Dès les années 90, elle s’engage dans la lutte contre le sida, alors que la maladie fait encore l’objet de nombreuses discriminations. Elle milite également pour la protection de l’enfance et la prévention des violences sexuelles, notamment au sein de l’association américaine PROTECT, dont elle est l’une des figures les plus investies.
Sa parole, à la fois franche, drôle et documentée, inspire des milliers de personnes, tant dans les conférences qu’elle anime que dans ses apparitions publiques. À ceux qui ne voient en elle qu’une vieille gloire de série télé, elle oppose une trajectoire faite de résilience, de travail… et d’une lucidité rare.