La réforme récente de l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) a marqué un tournant important dans la politique sociale française, en introduisant un système de calcul qui ne prend pas systématiquement en compte les revenus du conjoint.
Cette modification offre une plus grande autonomie financière aux personnes handicapées, mais elle soulève également des questions sur l’équité entre différentes catégories d’aides sociales.
Examinons les implications de cette réforme et les débats qu’elle suscite.
Depuis le 1ᵉʳ octobre 2023, l’AAH peut être calculée avec ou sans prendre en compte le salaire du conjoint, une réforme qui bénéficie directement aux personnes en situation de handicap.
Cette modification permet une certaine indépendance financière pour les bénéficiaires, soulignant un changement significatif par rapport à l’ancien système qui intégrait les revenus du conjoint dans les « ressources du foyer ».
Cette approche était souvent critiquée pour ne pas permettre aux personnes handicapées de bénéficier pleinement de leur allocation en fonction de leur propre situation plutôt que celle de leur ménage.
Appel à Élargir la Réforme
Malgré les avancées, des associations telles que la Fédération des accidentés de la vie (FNATH) et APF France Handicap plaident pour une extension de ce principe de « déconjugalisation » à d’autres aides sociales.
Elles visent notamment l’Allocation Supplémentaire d’Invalidité (Asi) et l’Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées (Aspa), soutenant que les règles actuelles créent une disparité de traitement entre les bénéficiaires.
Les associations argumentent que tous les individus devraient être traités comme des citoyens à part entière, indépendamment de leur situation familiale ou conjugale.
Défis et Perspectives
Cette réforme, bien que saluée comme un progrès, pose des défis budgétaires, surtout en contexte de déficit public.
Le coût de la déconjugalisation de l’AAH a déjà été significatif, permettant à certains allocataires de toucher jusqu’à 300 euros de plus par mois. L’extension de ce système à d’autres allocations pourrait donc se heurter à des contraintes financières sévères, étant donné l’état actuel des finances publiques.
Sophie Cluzel, secrétaire d’État aux Personnes handicapées, avait précédemment exprimé des réserves quant à cette réforme, la considérant comme une menace pour le système de protection sociale français, fondé sur la solidarité familiale et nationale.
Cependant, la pression des associations et des bénéficiaires continue de pousser le gouvernement à reconsidérer ces positions, en faveur d’une plus grande équité et reconnaissance des droits individuels.