Une grillade qui vire à la controverse politique. Le 11 juillet dernier, le député Insoumis Louis Boyard a organisé un barbecue en plein air à Villeneuve-Saint-Georges.
Une initiative conviviale selon lui, mais perçue comme une infraction par la maire LR de la ville, Kristell Niasme, qui a adressé un courrier sévère à l’élu du Val-de-Marne. L’événement, tenu place Mouliérat dans le quartier Triage, avait pour objectif de permettre au parlementaire de rencontrer directement les habitants, en dehors des cadres institutionnels. Mais la maire rappelle que « toute manifestation sur la voie publique doit être déclarée au moins trois jours francs à l’avance », ce qui n’a pas été fait. Elle reproche également des « affichages sauvages » sur le mobilier urbain et rappelle que le règlement municipal interdit strictement les barbecues dans les espaces publics, pour des raisons de sécurité et d’hygiène. Résultat : une verbalisation est en préparation.
Boyard assume et dénonce une rigidité excessive
Interrogé par Le Parisien, Louis Boyard ne nie pas avoir organisé ce barbecue sans autorisation. Mais il justifie sa démarche : « Quand je demande une salle à la mairie, on me répond trois ou quatre mois plus tard ou on me dit qu’aucune n’est disponible », affirme-t-il. Selon lui, « tout le monde met des affichettes dans la rue » pour annoncer des événements, et lui reprocher ce geste relève de l’acharnement : « C’est lunaire. Être républicain, c’est aussi avoir le sens de la réalité. »
Deux visions opposées de l’action locale
Pour le jeune élu de 24 ans, aller à la rencontre des citoyens, même “en bas des immeubles”, fait partie intégrante de sa mission. Il revendique avoir échangé avec une cinquantaine de personnes lors de cette soirée, dont une quinzaine pour lesquelles il it avoir pu débloquer des situations. « Si je dois payer des amendes pour continuer d’aller voir les citoyens, alors je paierai. Je suis un Insoumis et je le resterai », tranche-t-il.
Kristell Niasme, de son côté, met depuis son élection l’accent sur la propreté et le cadre de vie. Elle revendique une politique stricte contre les incivilités, multipliant les opérations de nettoyage, la lutte contre les dépôts sauvages et allant jusqu’à parfumer les rues à l’odeur de bonbon à la fraise. Une méthode que Louis Boyard juge “autoritaire” et révélatrice d’un abus de pouvoir.
Une affaire aux relents politiques
Derrière ce barbecue, c’est bien un affrontement politique qui se dessine. LFI contre LR, Boyard contre Niasme : deux conceptions de l’action locale s’opposent. Pour le député, la priorité est de briser les barrières institutionnelles pour aller vers les habitants. Pour la maire, l’ordre et le respect des règles priment avant tout. Une opposition symbolique qui, à l’approche de la rentrée politique, pourrait bien se transformer en duel plus durable sur le terrain.