Un an après la mort de Nahel Merzouk à Nanterre, une affaire qui avait embrasé la France, le policier auteur du tir mortel se trouve au cœur d’une nouvelle polémique. Réintégré par sa hiérarchie malgré sa mise en accusation pour meurtre, il a obtenu une mutation au Pays basque, suscitant des interrogations sur le traitement institutionnel de ce dossier ultra-sensible.
Le fonctionnaire de 40 ans, mis en examen et désormais renvoyé devant une cour d’assises pour le meurtre du jeune Nahel, a été discrètement réintégré dans la police. Selon Libération, il a pu obtenir le poste qu’il souhaitait dans une circonscription du Pays basque. Si cette décision a été prise il y a quelques mois, elle ne s’était pas encore traduite publiquement. Un arrêt de réintégration a bien été signé, révélant le soutien de sa hiérarchie malgré la gravité des faits reprochés.
Une interdiction de port d’arme toujours en vigueur
S’il est désormais affecté à un commissariat, le policier reste soumis à une interdiction de port et de détention d’arme. Il ne peut donc pas exercer sur la voie publique ni participer à des missions de sécurité. En revanche, il peut être en relation avec le public dans le cadre de tâches administratives ou de réception au sein des locaux policiers. Cette configuration particulière interroge : peut-on réintégrer dans ses fonctions un agent renvoyé devant une cour d’assises sans trancher la question de sa responsabilité pénale ?
Une décision sous tension politique et judiciaire
La décision de le réintégrer suscite déjà une vague d’indignation chez de nombreux citoyens et observateurs. Pour certains, elle envoie un signal contradictoire alors que le procès n’a pas encore eu lieu. Le fonctionnaire a fait appel de son renvoi devant la cour d’assises, une procédure encore en cours. Mais pour ses soutiens, la réintégration s’inscrit dans le respect de la présomption d’innocence, principe fondamental du droit français.
Reste que l’impact symbolique de cette décision est majeur, dans une affaire qui a bouleversé le pays et provoqué une explosion de colère dans de nombreuses villes. La mort de Nahel, 17 ans, abattu lors d’un contrôle routier après avoir refusé d’obtempérer, avait relancé un débat profond sur les violences policières, les contrôles au faciès et les rapports entre la jeunesse des quartiers populaires et les forces de l’ordre.
Un précédent lourd de conséquences
Le traitement de cette affaire par l’institution policière est scruté à l’échelle nationale. Les collectifs citoyens, associations antiracistes et juristes pointent le risque d’un double discours : exiger la justice tout en donnant le sentiment que l’institution protège ses membres, coûte que coûte. La réintégration, même partielle, d’un agent accusé d’un homicide aussi retentissant pourrait nourrir la défiance envers l’appareil judiciaire et sécuritaire, déjà fortement mise à mal.