Le scandale de Bétharram prend une ampleur inédite et menace d’éclabousser l’une des figures politiques majeures de la Ve République.
À travers le témoignage de sa propre fille, François Bayrou se retrouve désormais personnellement confronté à un passé que certains estiment longtemps ignoré, voire volontairement passé sous silence.
Le 24 avril prochain, la sortie du livre « Le silence de Bétharram » risque de faire grand bruit dans la sphère politique. Coécrit par la journaliste Clémence Badault et Alain Esquerre – lanceur d’alerte et fondateur du collectif des victimes de Bétharram – l’ouvrage inclura un témoignage inédit : celui d’Hélène Bayrou, la fille aînée du président du MoDem. Ce geste fort s’inscrit dans un contexte où les langues se délient, et où le silence familial devient impossible à maintenir. Une parole intime qui pourrait bien mettre en lumière les contradictions entre le discours public du père et les réalités vécues ou observées dans son cercle privé.
Une implication familiale dans l’établissement
La famille Bayrou est loin d’être étrangère à l’établissement religieux de Bétharram, situé dans les Pyrénées-Atlantiques. Plusieurs enfants du couple y ont été scolarisés, et l’épouse de François Bayrou y enseignait même le catéchisme. Un lien étroit avec cet institut qui soulève, rétrospectivement, de nombreuses questions. Comment un homme si impliqué dans l’éducation nationale, ancien ministre entre 1993 et 1997, aurait-il pu ignorer ce qui se passait dans un établissement aussi proche de sa sphère personnelle ? Ses opposants l’accusent aujourd’hui d’avoir fermé les yeux, voire d’avoir menti sur sa connaissance des faits.
Le poids accablant des témoignages
Ce qui n’était au départ qu’un murmure est devenu un véritable vacarme judiciaire. À ce jour, près de 200 plaintes ont été déposées pour des faits de violences physiques et d’agressions sexuelles perpétrés à Bétharram. Ces accusations, portées par d’anciens élèves réunis au sein d’un collectif, dessinent une cartographie glaçante des abus endurés sur plusieurs décennies. Malgré cela, François Bayrou n’a cessé de clamer son ignorance des faits, contestant avec vigueur toute tentative de le lier aux abus dénoncés.
Une audition sous haute tension à venir
La pression politique ne faiblit pas. François Bayrou, en sa qualité d’ancien ministre de l’Éducation nationale, devra comparaître le 14 mai devant la commission d’enquête parlementaire sur les violences à l’école. Une audience que beaucoup attendent comme un tournant possible dans cette affaire, tant les zones d’ombre sont encore nombreuses. Sa parole sera scrutée, disséquée, et sans doute confrontée à celle de sa propre fille, dont la prise de position pourrait peser lourd sur la balance médiatique et morale.
Un silence désormais impossible
L’affaire Bétharram dépasse désormais le simple cadre judiciaire : elle devient un révélateur des silences complices, des institutions défaillantes et des non-dits familiaux. En se manifestant publiquement, Hélène Bayrou brise non seulement un tabou, mais elle oblige aussi son père à affronter un pan d’histoire que l’on ne peut plus éluder. Pour François Bayrou, le temps du silence semble bel et bien révolu.