Une onde de choc secoue la sphère politique française à la suite des révélations d’Hélène Perlant, fille du Premier ministre François Bayrou.
Dans un témoignage rare et poignant accordé à Paris Match, elle brise le silence sur les violences qu’elle aurait subies dans sa jeunesse au sein d’une institution religieuse liée à une affaire de plus en plus troublante.
Le témoignage inattendu d’Hélène Perlant
C’est un aveu aussi bouleversant que symbolique : Hélène Perlant affirme avoir été victime de violences physiques dans sa jeunesse, au sein d’un camp d’été organisé par la congrégation de Bétharram. Ce lieu d’enseignement, aujourd’hui au cœur d’une série de dénonciations pour agressions sexuelles et physiques, est également celui où les enfants de François Bayrou étaient scolarisés.
À travers un entretien à Paris Match, la fille du Premier ministre révèle qu’elle a gardé ce secret pendant trente ans, sans jamais le confier à son entourage, ni à son père. Ce silence prend fin avec la sortie d’un ouvrage collectif intitulé Le Silence de Bétharram, dans lequel elle prend la parole pour la première fois, dévoilant les sévices subis et leur répercussion sur son parcours personnel.
Une blessure enfouie depuis trois décennies
Dans des mots chargés d’émotion, Hélène Perlant confie : « Je suis restée trente ans dans le silence ». Elle évoque un besoin inconscient de protéger son père, alors déjà exposé à des attaques politiques locales, et reconnaît ne jamais avoir eu le courage de briser le tabou, même au sein de sa propre famille. Une attitude qu’elle analyse aujourd’hui avec lucidité et gravité.
Ce silence prend aujourd’hui une autre tournure, car la victime désigne formellement un agresseur : le père Lartiguet, décédé en 2000, qu’elle accuse de l’avoir rouée de coups alors qu’elle n’avait que 14 ans. Aucun signalement n’avait été fait à l’époque, ce qui renforce le sentiment d’impunité qui règne autour des abus commis dans cette institution.
Une réaction familiale chargée d’ambiguïté
Le moment où François Bayrou découvre le témoignage de sa fille illustre la complexité de cette situation familiale et politique. Selon Hélène Perlant, c’est via un appel du Canard Enchaîné que le Premier ministre aurait été mis au courant de la publication du livre et de la participation de sa fille. « C’est vrai ? Tu me dénonces ? », lui aurait-il lancé au téléphone, entre ironie et inquiétude, laissant entrevoir une réaction désarçonnée.
Ce dialogue entre un père et sa fille, sur fond d’un scandale national, soulève des questions lourdes de sens, notamment sur la perception et la gestion de la parole des victimes au sein des familles impliquées dans la sphère publique. Hélène Perlant insiste : son père ne savait rien, mais elle n’exclut pas que son silence ait été interprété comme une protection tacite.
Une audition sous tension pour François Bayrou
Les conséquences politiques ne se sont pas fait attendre. François Bayrou, accusé de non-dénonciation de crimes et délits, devra répondre aux questions des députés lors d’une audition prévue le 14 mai prochain. Cette convocation s’inscrit dans le cadre d’une commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire, créée dans la foulée de cette affaire.
Le témoignage d’Hélène Perlant vient ainsi bouleverser les lignes d’un dossier déjà explosif, mêlant responsabilités individuelles, secrets de famille, et enjeux institutionnels. Il pourrait bien marquer un tournant dans la gestion politique des révélations de violences sexuelles et physiques au sein des établissements catholiques, longtemps restées dans l’ombre.
À travers ce témoignage courageux, c’est une parole longtemps étouffée qui émerge, avec la force d’un cri libérateur. Ce que Hélène Perlant dévoile aujourd’hui dépasse le cadre personnel : il éclaire les zones d’ombre d’une époque, et pousse la société à interroger ses silences collectifs.