Un vote à une voix près, et une onde de choc politique à l’Assemblée nationale. Ce jeudi, la proposition de résolution déposée par le Rassemblement national visant à « dénoncer » l’accord franco-algérien de 1968 a été adoptée par 185 voix contre 184.

Un résultat historique pour l’extrême droite, qui salue une victoire symbolique, tandis que la majorité et la gauche dénoncent un vote “honteux” et une “absence coupable” du gouvernement. C’est la première fois dans l’histoire de la Ve République qu’un texte porté par le Rassemblement national est adopté à l’Assemblée nationale. Marine Le Pen n’a pas caché sa satisfaction, qualifiant la journée d’« historique » pour son parti.
La cheffe des députés RN a salué « un moment de vérité politique », estimant que le vote traduit un changement profond dans le rapport de forces à l’hémicycle. La proposition de résolution du RN appelait à remettre en cause l’accord bilatéral de 1968 entre la France et l’Algérie, qui encadre les conditions d’entrée, de séjour et de travail des ressortissants algériens en France.
Soutenu par les groupes Les Républicains (LR) et Horizons, ce texte symbolique — sans valeur contraignante — a suffi à faire basculer la majorité d’une seule voix. Un revers politique qui embarrasse fortement la majorité présidentielle.

L’opposition pointe l’absence du gouvernement
La réaction ne s’est pas fait attendre. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a fustigé sur X (ex-Twitter) : « Ils étaient où, les macronistes ? Gabriel Attal absent ! À une voix près, Horizons, LR et l’extrême droite votent ensemble la fin de l’accord de 1968 avec l’Algérie. »
Même ton du côté des écologistes. Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste à l’Assemblée, a dénoncé « cette voix qui nous a manqué pour faire barrage au Rassemblement national », soulignant que le Premier ministre lui-même figurait parmi les absents de l’hémicycle.
Quant à Mathilde Panot, cheffe des députés de La France insoumise, elle a parlé d’« un texte raciste voté grâce à l’absence des macronistes », s’indignant d’un vote qui, selon elle, « ouvre une brèche dangereuse dans le pacte républicain ».

Un texte hautement symbolique, sans effet juridique immédiat
S’il n’a aucune portée législative directe, ce vote n’en demeure pas moins hautement symbolique. La résolution invite le gouvernement à dénoncer l’accord de 1968, un texte diplomatique qui accorde certains avantages administratifs aux Algériens en matière de circulation, de travail et de regroupement familial.
Pour le RN, cet accord est « obsolète » et « déséquilibré ». Marine Le Pen y voit « une victoire du bon sens et de la souveraineté nationale ».
Mais pour la gauche, le texte porte un tout autre message : « c’est un signal xénophobe envoyé à la communauté algérienne de France », estime un député écologiste, rappelant que cet accord est avant tout un instrument de coopération entre les deux États.
 
 









